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Albanais 1900 – Nos villages (Albens, La Biolle, L’émigration)

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Nos villages

ALBENS

Depuis 1861, Albens est le chef-lieu d’un canton de neuf communes. Les guides des années 1900 signalent le village pour « sa belle église moderne aux chapiteaux historiés » et son passé antique.

En l’espace d’un demi-siècle, la bourgade a connu quelques transformations importantes. Tout d’abord le déplacement de son centre de gravité lorsqu’en 1867 la nouvelle église fut implantée dans le pré Langard, à côté de la route de Rumilly ; ensuite, une série de constructions caractéristiques de la révolution industrielle et de la IIle République : la gare inaugurée en 1866, le groupe scolaire mixte achevé en 1882 et accueillant la mairie en 1893.

Avec 1 559 habitants en 1911, Albens est le village le plus peuplé du canton ; ses habitants travaillent surtout dans l’agriculture, mais déjà certains trouvent de l’activité dans l’industrie fromagère à Saint-Félix ou dans la fabrication des tuiles chez Poncini.

Le docteur Rosset, diplômé des Universités de Paris, est le médecin du Canton ; la pharmacie se trouve quartier de la gare. Albens a son poste de gendarmerie donnant sur la Grande Rue, ses nombreux commerces et cafés.

Albens - Derrière l'église
Albens – Derrière l’église

LE GÉNÉRAL PHILIBERT MOLLARD

Glorieux enfant d’Albens, Philibert Mollard est célébré par la presse de l’époque autant pour ses qualités militaires que pour son attachement à la France.

En 1866, un journaliste du Mont-Blanc écrit à son sujet : « C’était chez lui une habitude de gagner tous ses grades supérieurs sur le champ de bataille. Après la victoire de San Martino, Mollard fut nommé commandant du 4e corps d’armée, dont le quartier général était à Casal. C’est là que l’annexion le trouva, au printemps de 1861. Lorsque les officiers et soldats de son corps d’armée apprirent sa détermination de passer en France, ils lui offrirent par souscription une épée d’honneur en souvenir de sa belle conduite à San Martino, et le prièrent de rester au milieu d’eux ; mais sa résolution était arrêtée… Aujourd’hui, la carrière militaire du général Mollard semble terminée… Il a quitté le service d’aide-de-camp de l’Empereur pour entrer au Sénat. Le général Mollard est grand officier de la Légion d’honneur. »

ALBENS (Savoie) - Villa Futenex : ancienne résidence du général Mollard
ALBENS (Savoie) – Villa Futenex : ancienne résidence du général Mollard

LA BIOLLE

patrie de François Michaud, grenadier d’empire

Rares sont les habitants de La Biolle qui se souviennent vers 1880 de François Michaud et de son glorieux passé sur les traces de la Grande Armée.

Pourtant la commune pourrait être fier de ce grenadier de Napoléon écrivant à son frère, greffier de la Justice de paix : « embrasse tous ceux qui te parleront de moi et dis-leur que je suis vainqueur d’Austerlitz. »

Mais la tourmente révolutionnaire est loin et les 1 150 habitants de la commune (recensement de 1911) se souviennent plutôt du grave incendie de 1862 qui ravagea une partie du village et dont les pompiers d’Aix et d’Albens ne vinrent à bout qu’après un jour et une nuit de lutte.

Leurs pensées vont également à ceux qui sont partis outre-mer chercher fortune sur les terres argentines ou algériennes.

La Biolle est un village de petits propriétaires travaillant surtout comme agriculteurs, cabaretiers, charpentiers ou maçons.

Il souffre de n’avoir pas pu faire installer une gare sur son territoire, ne dispose pas d’activité industrielle notoire et se tourne plutôt vers des activités commerciales que la proximité d’Aix-les-Bains rend lucratives.

Les deux fruitières constituent avec les cafés restaurants d’importants lieux de rencontre.

L’ÉMIGRATION

À Cessens, les femmes allaient jusqu’en Argentine servir de nourrice. L’argent gagné servait ensuite à acheter des maisons appelées « maison de lait ».

Cette anecdote est révélatrice de l’important courant migratoire qui toucha l’Albanais et plus largement la Savoie dans la seconde moitié du XIXe siècle. La destination la plus fréquente était alors l’Amérique du Sud, plus particulièrement l’Argentine et l’Uruguay.

Avec près de cinquante départs enregistrés, la commune de Cessens vient en tête pour le nombre d’émigrants ; Saint-Germain, La Biolle, Albens, Saint-Girod, Saint-Offenge ou Ansigny fournissent chacune une dizaine de personnes. Au total, l’Albanais a vu s’expatrier quelques centaines d’hommes et de femmes. Tous les métiers sont représentés : cultivateurs, artisans, commerçants.… Épouses et enfants accompagnent les chefs de famille ou font en sorte d’aller les rejoindre. Des frères, des fiancés s’efforcent de se retrouver.

CONDITIONS DE PASSAGE

Nourriture des Passagers-Émigrants.
 

Les plats sont composés de huit à dix personnes.

Déjeuner
Café avec 4/6 de litre eau-de-vie ou rhum. 5 fois par semaine.
Anchois avec 4/4 de litre de vin. 2 fois par semaine.
Biscuit.

Dîner
Un potage avec le bouilli.
Un plat maigre.
Un quart de litre de vin.
Pain.

Souper
Un plat fort de viande.
Un plat maigre.
Un quart de litre de vin.
Pain.

Le jeudi et le dimanche, le plat de viande du souper sera remplacé par un rôti.

Le restaurateur se réserve la faculté de donner à trois repas de la semaine du biscuit en remplacement pain.
Les bidons, gamelles, plats, assiettes, couverts, etc., sont fournis gratuitement aux passagers-émigrants qui devront les tenir en état de propreté et les laisser à bord en arrivant à destination.

Couchettes. — Chaque passager-émigrant a droit à la couchette portant le numéro mentionné sur le présent contrat. Les enfants de un à huit ans n'ont droit qu'à la moitié d'une couchette.
La literie, consistant en une paillasse, une couverture et un traversin, est fournie par le navire.
 
Bagages. — Chaque place entière donne droit au transport gratuit de 100 kil. de bagages n'excédant pas 8/10 de mètre cube.
L'excédant paie à raison de 12 fr. les 100 kil, ou le 4/10 de mètre cube.
Le linge et les effets à usage sont seuls considérés comme bagages.
Chaque colis doit porter les noms et la destination du passager émigrant.

Les couchettes étant élevées de 45 centimètres, il est obligatoire au passager-émigrant de placer ses bagages au-dessous.
Les colis dépassant cette hauteur seront mis dans la cale et rendus à destination seulement.

Il est interdit de conserver dans ses bagages des espèces, valeurs ou marchandises; le passager-émigrant devra les consigner à l'Agence et en payer le fret.

En cas de maladie grave ou contagieuse, légalement constatée avant l'embarquement, le passager-émigrant a droit à la restitution du prix payé pour son passage. Le prix du passage est également restitué aux membres de sa famille qui restent à terre avec lui.

En cas de maladie traversée, le passager-émigrant a droit également aux soins gratuits du Docteur du bord et aux médicaments nécessaires.

Si le navire ne quitte pas le port au jour fixé parle contrat, l'Agence est tenue de payer à chaque passager-émigrant, pour ses dépenses à terre, une indemnité de 2 francs par jour.

Si le retard dépasse dix jours, le passager-émigrant a le droit de résilier son contrat, et ce, par une simple déclaration, faite au Commissariat de l'Émigration, sans préjudice de dommages intérêts qui pourront lui être alloués.

Toutefois, si les retards sont produits par des causes de force majeure, appréciées et constatées pur 1e Commissaire de l'Émigration, le passager-émigrant ne peut renoncer à son contrat ni réclamer l'indemnité de séjour à terre, pourvu qu'il soit nourri et logé, soit à bord, soit à terre, aux frais de l'Agence ou de ses représentants.

Dans le cas où, après avoir payé le prix de son passage, un passager-émigrant ne partirait pas, il lui sera remboursé seulement la moitié de la somme payée, l'autre moitié demeurant  acquise à l'Agence.

En cas de transbordement, sur un autre steamer, des passagers-émigrants, ceux-ci y seront installés et nourris dans les mêmes conditions que celles stipulées au présent contrat.

Le présent contrat est nominatif et personnel ; il ne peut, en  aucun eus, être transféré à autrui.

Le passager-émigrant doit se conformer aux réglements concernant in police du bord.

Toutes les contestations ayant trait à l'exécution du présent contrat seront soumises à l'arbitrage du Commissaire de l'Émigration, à Marseille.

« Nous voilà donc arrivés à Montévidéo — écrivent en 1869 à leur sœur restée à La Biolle, Pierre et Jeannette — jour si attendu ; nous débarquons avec un jeune garçon européen qui a son frère établi, tenant un grand café-restaurant ; nous y voilà bien reçus en grande société française… Mais pour nous ce n’était pas tout, il manquait mon frère. »

Ce frère qu’ils retrouveront quelque temps plus tard, travaillant dans une grande exploitation agricole.

Ils n’auront pas hésité à faire une traversée de près d’un mois de navigation ; un voyage qui n’a pas été toujours facile, comme le précise Jeannette : « Je n’ai pas éprouvé de mal de mer ce qui est bien rare pour celui qui n’est pas habitué car sur quatre cent onze passagers (embarqués à bord du paquebot à vapeur Poitou) pas vingt ont fait le trajet sans souffrir du mal de mer car autrement tous les passagers à bord ont été surpris par les chaleurs. »¹

Saint-Girod : Chef-lieu vers 1912
Saint-Girod : Chef-lieu vers 1912

Attirés par le mirage sud-américain, ils trouveront du travail et réussiront même à rembourser la somme empruntée pour payer leur traversée.

Beaucoup n’auront pas la même chance ce qui amènera les autorités savoyardes à des mises en garde répétées, rappelant à tous ceux qui « poussés par le vague désir d’améliorer leur sort se rendent en pays étrangers » de s’assurer d’y trouver un moyen d’existence.

¹ Lettre de 1869. Archives privées.

Au collège Jacques Prévert avec une classe de 4ème

• Objectif : en savoir plus sur les découvertes archéologiques effectuées en 1978 lors de la construction du collège.

Collège d’Albens

• Demande de Chantal Didier, professeur de Lettres, travaillant avec sa classe le fantastique à partir de l’histoire du collège.

• Intervention de Jean-Louis Hébrard, mardi 9 avril en fin de matinée. Au programme, observation de la pierre à cupules trouvée en 1978, placée aujourd’hui sur une pelouse de l’établissement. Définition du contexte préhistorique de ce mégalithe à l’aide d’un power point « Préhistoire dans l’Albanais », puis évocations de toutes les légendes entourant ces pierres et qui nourrissent l’imaginaire. La découverte d’un cimetière de l’époque mérovingienne sur le site du collège, est aussi abordée en fin d’intervention.

Pierre à cupules
Pierre à cupules

• Invitation a été faite à la classe, à ceux qui le voudront bien, de nous faire partager leurs productions écrites. Incitation aussi à utiliser notre site Kronos (nombreux articles sur le sujet) et à consulter le n°37 de la revue (article sur le cimetière) à la médiathèque de l’établissement. D’autres interventions peuvent être programmées à la demande, via notre site.

La revue n° 39 est sortie !

Le nouvel opus de la revue annuelle vient de sortir, avec au sommaire :

  • Toponymie : Cessens et ses tours… à la recherche de César et des fées
  • Histoire des moulins, entre Épersy et Saint-Ours
  • Cléricaux contre républicains : le conflit à Cusy à travers la presse
  • Correspondance d’un couple durant la Grande Guerre
  • Des chantiers de jeunesse au maquis – 1e partie
  • Savoisienne philanthropique de Lyon

Vous pouvez la retrouver dans les points de vente suivants :

  • Maison de la presse à Albens (Entrelacs)
  • Maison de la presse à La Biolle
  • Maison de la presse à Saint-Félix
  • Musée de Rumilly
  • Carrefour Market de Grésy-sur-Aix
  • Hyper U de Rumilly
  • Espace Leclerc de Drumettaz
  • Maison de la presse du pont neuf à Rumilly

Albanais 1900 – L’Albanais dans l’espace et le temps

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L’Albanais dans l’espace et le temps

ENVIRONS D’ALBENS

L’Albanais a toujours été une importante voie de communication. Dès l’époque romaine, les hommes ont reconnu dans cette dépression la liaison naturelle entre la cluse de Chambéry et celle d’Annecy : « Depuis Aix-les-Bains, en remontant le cours du Sierroz jusqu’à Grésy, puis celui de la Deisse jusqu’à Albens, l’accès était facile dans la vallée de l’Albanais, en pénéplaine jusqu’à Rumilly. »¹

Drainée par les deux versants du Chéran au nord et de la Deisse au sud, d’une altitude moyenne variant entre 340 et 600 mètres, la dépression de l’Albanais est limitée à l’est et à l’ouest par un ensemble de contreforts calcaires (Clergeon, Sapenay d’une part, Semnoz – Mont Revard d’autre part) dont les altitudes atteignent 1 000 à 1 500 mètres et qui constituent des belvédères remarqués.

Le cours du Chéran, passage difficile, lui sert de limite septentrionale et le lac du Bourget de limite méridionale.

Ainsi cernée, la vallée de l’Albanais est un espace orienté nord-sud, d’environ trente kilomètres de long et quinze de large.

LE RATTACHEMENT ET SES SUITES

En 1860, dans l’Albanais comme dans la Savoie toute entière, on manifeste massivement à la France en votant pour le rattachement.

Dans les quinze communes qui composent le mandement d’Albens, nombreuses sont celles qui choisissent la France à l’unanimité ; tel est le cas d’Albens, d’Ansigny, de Mognard, de Saint-Germain, de Saint-Girod et de Saint-Ours ; tous les inscrits se déplacent : leurs cœurs allaient bien vers où coulaient leurs rivières.

La province de Savoie se transforme en départements de Savoie et de Haute-Savoie.

Très vite pour l’Albanais, la question se pose de son appartenance aux deux départements. Où faire passer la limite administrative ?

Dans un premier temps, le canton d’Albens, composé de ses quinze communes, se trouvait incorporé à la Savoie. Mais très vite, la guerre, à son propos, fait rage entre les deux départements. Le préfet Petetin en attribue la raison à la « rivalité séculaire qui existe entre Annecy et Chambéry, celle-ci ville de loisirs, aristocratique et cléricale, l’autre active, industrielle et libérale », et la responsabilité aux « hommes d’affaires de Chambéry qui tenaient à réunir autour de leurs cabinets les plus forts éléments de clientèle et en voyaient d’importants dans le riche canton d’Albens ».

L’affaire va monter jusqu’au ministre de l’Intérieur et à l’empereur Napoléon III qui, par décret en date du 20 décembre 1860, va détacher les communes d’Alby, Chainaz, Cusy, les Frasses, Héry-sur-Alby, Saint-Félix du canton d’Albens pour les réunir au département de la Haute-Savoie et au nouveau canton d’Alby.

Cette solution ne faisait pas seulement passer la limite entre les deux départements plus au sud qu’avant, elle illustrait surtout la difficulté à partager un espace dont la vocation est d’être avant tout un trait d’union entre les deux composantes de la Savoie.

POPULATION DES VILLAGES EN 1912 {recensement de 1911)

ALBENS : 1 559 habitants. ANSIGNY : 98 habitants. LA BIOLLE : 1 150 habitants.
CESSENS : 562 habitants. EPERSY : 311 habitants. MOGNARD : 337 habitants.
ST-GERMAIN : 516 habitants. ST-GIROD : 429 habitants. S-OURS : 417 habitants.
POPULATION DES VILLAGES EN 1912 {recensement de 1911)
ALBENS : 1 559 habitants. ANSIGNY : 98 habitants. LA BIOLLE : 1 150 habitants.
CESSENS : 562 habitants. EPERSY : 311 habitants. MOGNARD : 337 habitants.
ST-GERMAIN : 516 habitants. ST-GIROD : 429 habitants. S-OURS : 417 habitants.

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¹ L, Buttin, Histoire de Rumilly.

Albanais 1900 – avant-propos

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Le hasard,
le hasard d’une discussion chez Bernard Fleuret,

la volonté,
la volonté de deux associations, Kronos et La Biolle Loisirs, de faire revivre un passé pourtant proche et déjà lointain dans beaucoup de mémoires,

la patience,
la patience de collectionneur de Pierre Granger, d’Henri Billiez et d’autres personnes qui ont su rassembler ou conserver les précieux documents que vous rencontrerez dans ce livre,

la passion,
la passion de votre rédacteur Jean-Louis Hébrard pour l’histoire locale,

nous permettent de vous présenter cet ouvrage collectif retraçant un passé récent de l’Albanais.

Que toutes les personnes qui ont mis à notre disposition des documents ou qui nous ont consacré quelques instants pour nous raconter leurs souvenirs, que celles qui nous ont fait confiance, tels notre imprimeur et nos souscripteurs, reçoivent nos remerciements.

Si malgré nos recherches, il s’est avéré impossible de joindre les ayants droit d’auteurs ou d’éditeurs d’ouvrages, de cartes postales anciennes ou de photos, dont nous avons néanmoins tenu à reproduire certains documents, nous espérons que cette occasion leur permettra de se révéler à nous. « Droits réservés » pour cette catégorie de documents.

La parution des documents de ce livre a suscité l’accord des propriétaires ou des ayants droit desdits documents. Si malgré nos recherches certaines personnes concernées n’ont pas été contactées, nous leur présentons nos excuses.

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Albanais 1900

Albanais 1900 est un livre épuisé, paru en avril 1991 (dépôt légal, ISBN 2-9505656).

Cet ouvrage avait été un travail conjoint de Bernard Fleuret, de Kronos, de La Biolle Loisirs, avec la participation gracieuse de Jean-Louis Hebrard pour le texte.

Vous retrouvez ici la mise en ligne de ce livre, découpé par chapitres.

Avant-propos

L’Albanais dans l’espace et le temps

Nos villages :

Dans l’Albanais à la Belle Époque :

  • L’agriculteur Albanais
  • Le train et le tourisme
  • Les tuileries, l’industrie fromagère et les écoles
  • Vivre à la Belle Époque et les nuées de la guerre

Bibliographie de l’époque (Articles parus dans des revues locales)

Louis Perroud raconte la « Grande Guerre », Kronos n° 1
Fides et Spes, deux cloches centenaires, Kronos n° 1
La Tuilerie Poncini, Kronos n° 2
L’huilerie Tournier à Saint-Girod, Kronos n° 2
Le rattachement du canton d’Albens au département de la Savoie, Kronos n° 3
Philibert Mollard, Kronos n° 3
La Chambotte, une signature de la Belle Époque, Kronos n° 4
Un chemin de fer historique : celui d’Aix à Annecy, Kronos n° 4
A Vélocipède dans l’Albanais au début du siècle, Kronos n° 5
La fanfare « La Gaîté » de La Biolle, Kronos n° 5
La batteuse, Les Amis du vieux Rumilly n° 8
Les clochers de l’Albanais, Les Amis du vieux Rumilly n° 7
À Albens, autrefois…, Les Amis du vieux Rumilly n° 5
Vacances d’autrefois en Albanais, Les Amis du vieux Rumilly n° 7
Les deux forges de Saint-Félix, Les Amis des Moulins savoyards n° 4
Vivre à Saint-Ours, Bulletin municipal

La composition et la photogravure d’origine : A.P.P. Grenoble.

Maquette et couverture : Philip Astorg et Bernard Fleuret. Imprimerie du Marais, Albens.

Assemblée Générale 2024

Kronos vous convie à son Assemblée Générale qui se déroulera le vendredi 22 mars 2024 à 20h00, à la salle de l’Ébène à La Biolle.

Cette Assemblée Générale sera suivie par une conférence animée par Marius Bonhomme, sur le thème « L’école en Savoie à partir de 1860 », composée d’une projection de film et d’une petite exposition d’objets et de photos sur la vie scolaire.

Affiche de l'AG 2024

Le verre de l’amitié terminera la soirée.

Venez nombreux !



Ne rien jeter, réutiliser

Au début des années 50, les adultes qui nous entourent, grands-parents et parents, ont traversé les épreuves de la guerre. Tous sortent de la période de restriction liée à l’Occupation. Mentalement, tout le monde connaît la valeur des choses, jusqu’au moindre clou, bout de ficelle, morceau de laine. On sait faire travailler ses mains pour tricoter, coudre, raccommoder. On devient cordonnier quand les chaussures s’usent, menuisier ou soudeur pour effectuer d’innombrables réparations. À la maison, les boites se remplissent de boutons, fermetures Éclair, crochets. Dans l’atelier ou la cabane du jardin, les tiroirs se remplissent de rondelles, vis de tout type, clous mis de côté en raison du : « au cas où, ça peut toujours servir ». C’est le règne des boites.

Pour conserver la semence (petits clous) Collection de l'auteur
Pour conserver la semence (petits clous) (collection de l’auteur)


Dans la France du président Vincent Auriol, les anciens combattants de la Grande Guerre sont encore nombreux. Ils se souviennent de ce conflit qui a pris leur jeunesse, les a marqués à vie, leur donnant entre autre la manie étonnante de la récupération. Une rondelle de métal, un bout de pneu ne doivent pas traîner dans la rue ; hop, dans la poche en vue d’un réemploi. Nous, les petits enfants, les regardions étonnés, ne pouvant savoir l’importance que ces « débris » avaient pu représenter pour eux dans les tranchées. Seules les douilles d’obus trônant sur la cheminée conservaient alors la mémoire d’un artisanat effectué à partir des matériaux disponibles sur le front (fusées, douilles, têtes d’obus…). Pierre Raynal, auteur d’une exposition sur l’artisanat des tranchées, écrit : « ces objets métalliques étaient transformés pour donner des briquets, des coquetiers, des bagues ou des boites à tabac… Les outils pour graver, poinçonner, tailler étaient fabriqués eux aussi à partir de matériaux de récupération ». Quant à la génération des parents, elle venait d’être formatée par quatre années de rationnement et savait récupérer de la laine sur un vieux tricot, réemployer la tôle des boites de conserve.
En Savoie comme dans le reste de la France, on ne roule pas sur l’or. À la campagne, dans le monde ouvrier, être économe s’impose. Ce mode de vie parcimonieux est rapporté par Jean Bertolino dans Madame l’Étoile. Il raconte son séjour, enfant, dans une ferme du côté de Nances : « La vente du lait […], des céréales et du tabac cultivés sur les huit hectares de la propriété à l’aide de deux bœufs sont les seuls revenus des Richard, juste de quoi renouveler ou entretenir l’outillage, payer les petits frais. Pour le reste c’est l’autarcie. Un carré de vigne fournit le vin de l’année… de la volaille donne les œufs et agrémente les repas de fête ».
Dans de telles conditions, on ménage principalement les vêtements et les chaussures. Les hommes possèdent souvent un pied de fer ou enclume de cordonnier. De dimensions réduites (18cm de hauteur sur 16 et 15 cm pour les autres parties) ce petit outil permet le changement des talons mais aussi la fixation de fers pour renforcer le bout de la chaussure et l’arrière.

Enclume de cordonnier (collection de l'auteur)
Enclume de cordonnier (collection de l’auteur)

On se souvient encore du bruit que produisaient ces embouts ferrés ainsi que des glissades qu’ils provoquaient. Pour fixer tout cela, le « cordonnier maison » utilisait de tout petits clous ou semences. Le travail achevé, c’était l’assurance de pouvoir faire durer la chaussure longtemps.

Modes et Travaux (janvier 1952) modèles de tricots (collection de l'auteur)
Modes et Travaux (janvier 1952) modèles de tricots (collection de l’auteur)

Outre la couture et le raccommodage, les mères de famille pratiquaient le tricot. À l’époque, il redevient plus facile de commander des pelotes de laine. Les marques ne manquaient pas, telles Bergère de France, Phildar, Pernelle, Laines du Chat botté. La laine restant encore précieuse, cette dernière marque avançait l’argument qu’avec elle on pouvait « tricoter plus avec moins de pelotes ». Mais avant de faire la commande, on cherchait à récupérer la laine des anciens tricots, cache-nez et autres gilets. Ce travail s’effectuait toujours selon des étapes bien rodées. On détricotait puis on lavait la laine à bonne température avec une lessive adaptée. Le séchage demandait ensuite des soins attentifs pour conserver à la laine ses qualités. Quand tout avait séché, arrivait enfin la mise en écheveau. Enfant, on était heureux de participer à leur confection. Il fallait tendre les bras, bien écartés pour qu’on puisse enrouler le fil de laine. L’écheveau terminé, il ne restait plus qu’à tricoter à nouveaux en mélangeant les pelotes, les couleurs et les motifs. Cela donnait des assortiments improbables portés malgré tout avec bonheur quand le froid revenait. Les revues fourmillent alors de modèles pour tous les âges. Pour équiper bébé, étaient proposés la brassière, la barboteuse, le paletot réversible et le bonnet. Les plus grands avaient le gilet. Pour cela, il fallait puiser dans la boite à boutons. Toutes les familles en possédaient une dans laquelle dormaient tous les systèmes de fermeture et de boutonnage récupérés au fil des ans sur tous les vêtements usagés.

Boutons et fermetures éclair (collection de l'auteur)
Boutons et fermetures éclair (collection de l’auteur)

L’on ne parle pas alors de recyclage, c’est plutôt le binôme récupération et bricolage qui domine les esprits. Dans tous les foyers il y a un bricoleur en action, une personne qui est capable d’étamer les casseroles, de changer les plombs fondus dans les tabatières du tableau électrique ou de confectionner des charnières avec des morceaux de pneumatique. Ce personnage est chanté avec beaucoup d’humour par Patachou sur un texte écrit en 1952 par Georges Brassens. Tout le monde connaît alors le refrain « Mon dieu quel bonheur, mon dieu quel bonheur, d’avoir un mari qui bricole, mon dieu quel bonheur, mon dieu quel bonheur, d’avoir un mari bricoleur » et sa chute « boite à outil, boite à outil ».
Le règne du système D qui dominait dans les années 50 revit peut-être aujourd’hui à travers la multiplication des « tutoriels  » sur internet.

Jean-Louis Hebrard

Charles Emmanuel le Grand et l’Escalade de Genève, conférence le 12 janvier 2024

KRONOS vous invite à une conférence sur le thème :

Charles Emmanuel le Grand et l’Escalade de Genève

Par Bernard Juillet, membre de Kronos.

Vendredi 12 janvier à 20h, à l’espace patrimoine d’Albens, 177 rue du Mont-Blanc, Albens, 73410 Entrelacs

En décembre 1602, les habitants de Genève repoussèrent les troupes du duc de Savoie qui tentaient de prendre d’assaut les murailles de la ville pendant la nuit. Depuis, une fête annuelle populaire est l’occasion de célébrer la résistance de la ville et d’exprimer la persistance du sentiment d’identité locale.

Charles Emmanuel qu’on appelle quelquefois « le Grand » est un personnage fascinant. Diplomate, guerrier, poète, il personnifie le prince idéal de la Renaissance. Mais son action politique est plus controversée. Dans une Europe ravagée par les guerres de religions, il a tenté de faire exister son petit État à travers des défis militaires et politiques qui n’ont pas toujours abouti, heureusement. L’épisode de l’Escalade de Genève sera l’occasion d’évoquer l’histoire de la Savoie au XVIème siècle et les transformations qui poussèrent le Duché à transférer sa capitale de de Chambéry à Turin.

Entrée libre.