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Albanais 1900 – L’agriculteur Albanais

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Dans l’Albanais à la Belle Époque

L’agriculteur Albanais

Les fruitières

Un peu partout dans le département les communes se dotent d’une fruitière permanente. Originaire de Suisse et de Franche-Comté, la fruitière se répand massivement en Savoie à partir de 1890. Au départ, simple société de producteurs, elle s’est vite transformée en coopérative de vente de lait.

La fruitière est un facteur de progrès pour les éleveurs, elle leur permet d’obtenir des prix de vente supérieurs à ceux qui se pratiquent en France.

Attelage de bœufs. Environs d’Aix-les-Bains.

LE MONT-BLANC.
EXPOSITION BOVINE DU 2 JUILLET.
Race Albanaise.
L’exposition de la race bovine albanaise, (taureaux, vaches et génisses), que nous avons annoncée dans notre n° du 17 juin, a eu lieu lundi dernier.
Un temps magnifique a favorisé la journée et nous devons dire que cette exposition, heureuse initiative du Comice d’Annecy, a dépassé par ses résultats les espérances conçues par les personnes les plus dévouées aux intérêts agricoles de notre arrondissement.
À huit heures et demie du matin, l’exposition était au grand complet ; 225 tauraux, vaches et génisses étaient rangés en ligne sur la place au bétail d’Annecy, classés par catégorie et appelant par leursmugissements l’examen de la Commission.
À leur tête bien faite mais plutôt petite, à leur face droite et même un peu concave, à leur mufle d’un blanc rosé, à leur air svelte et dégagé, à leurs mamelles bien développées et annonçant de bonnes laitières, mais surtout à leur robe couleur de froment généralement clair et sans mélange, on reconnaissait des animaux appartenant évidemment à une même famille et sortant d’une même couche. C’étaient bien là de véritables vaches de race albanaise.
La Commission, d’ailleurs, a éliminé toutes les bêtes où elle a pu reconnaître la
moindre trace de croisement. Aussi toutes celles qui offraient un mufle tant soi peu
noirâtre, qui avaient quelques taches blanches ou noires ou une teinte grisâtre à la
robe, ont été écartées par le jury comme portant des marques de mélange de sang
tarin, suisse ou schwitz.
Cette sévérité est indispensable pour fixer nos éleveurs sur les caractères de la
race à laquelle il leur importe de s’attacher désormais, et pour prouver l’importance que met le Comice à propager dans les campagnes notre véritable race albanaise pure.

Journal Le Mont-Blanc, 1866. Archives départementales de la Haute-Savoie.
Ferme traditionnelle. Environs de La Biolle.
Ferme traditionnelle. Environs de La Biolle.

Le lait est valorisé car la fruitière assure la production de fromages dont la vente dans les villes constitue le principal débouché.

La fruitière joue donc un rôle important dans l’évolution du monde rural, « par elle, le paysan est passé à l’économie de marché ».¹ Peu à peu, la production herbagère prend le relais des céréales et l’élevage laitier se développe.

À Saint-Félix, en 1906, le troupeau de vaches est, avec 465 têtes, plus important que le reste des autres bestiaux élevés dans la commune. Les deux fruitières de la commune fabriquent alors 75 000 kilogrammes de fromage de gruyère. Celles de La Biolle traitent 2 300 litres de lait par jour et nourrissent 455 porcs dans les années 1892.

La même année, la fruitière de Mognard ouvre ses portes. Elle traite également le lait en provenance d’Épersy et se spécialise dans la fabrication du beurre et de la tomme.

Ainsi vers 1914, l’activité agricole dans l’Albanais s’est spécialisée. La proximité de grands centres urbains, l’ouverture de la ligne de chemin de fer Aix-les-Bains – Annecy avaient facilité cette évolution.

Presque toutes les communes possédaient alors une fruitière. Il existait même à Grésy-sur-Aix une « fruitière-école » chargée de la formation du personnel. On avait déjà le souci de la qualité.

Les coquetiers

Nombreux étaient ceux qui faisaient, à La Biolle ou Albens, le commerce des volailles. Les animaux, achetés vivants au marché de Rumilly le jeudi étaient tués, plumés et vidés le lendemain. Chez Granger, Genoulaz ou Fontaine, tout le monde plumait. Certains pouvaient traiter jusqu’à 120 bêtes dans l’après-midi et la soirée. Le départ pour le marché de Chambéry se faisait vers minuit. Il fallait arriver à temps pour avoir une place le samedi matin et retrouver ceux de Cusy ou du Châtelard.

Par tous les temps, sous la neige ou par -20°, il fallait approvisionner les gens de la ville en volaille mais aussi en œufs frais ou de conserve. C’était une autre spécialité de l’Albanais. Mis dans de grands bacs remplis de lait de chaux, les œufs étaient conservés de mars à décembre. Cette activité employait une importante main-d’œuvre. Elle connut son apogée durant l’entre-deux-guerres.

La culture du tabac

Elle a trouvé des terrains favorables dans tout l’Albanais, qui devient alors une importante zone de culture après l’Annexion.

Plantation et commercialisation étaient un monopole d’État. Ce dernier fixait les surfaces, le niveau de production ainsi que les prix d’achat en fonction des variétés cultivées.

Les magasins de Rumilly organisaient l’activité de plantation dans tout l’Albanais. La graine était fournie aux 156 agriculteurs de la région qui se chargeaient de faire les semis.

On utilisait, pour planter, une chaîne dont les maillons étaient espacés de 38 cm. Il fallait bien disposer les plants en ligne droite. Les contrôleurs devaient pouvoir en effectuer le comptage dans tous les sens. Les plants défectueux les attendaient en bout de champs, ficelés par paquets de vingt-cinq. Ils les tranchaient impitoyablement à la bêche pour éviter toute culture de contrebande.

La récolte se faisait, selon les années, entre la fin du mois de juillet et le mois de septembre. Elle employait une importante main-d’œuvre qui ramassait d’abord les feuilles basses, puis les deuxièmes feuilles, les troisièmes et enfin celles du sommet de la plante.

Un long travail de séchage commençait alors, qui occupait les planteurs durant tout l’automne et une partie de l’hiver. Les feuilles mises en manoques, enveloppées d’une toile, étaient regroupées en balles de 250 à 500 kilogrammes.

Elles étaient livrées aux magasins de Rumilly en janvier ou février. Là, après un long travail de manutention et de stockage, les balles étaient expédiées, selon la demande, vers la Manufacture de Lyon.

Avant 1914, presque tout le monde cultivait le tabac à La Biolle, certains sur quelques ares, d’autres, plus rares, sur près de 50.

Ceux qui s’en souviennent en parlent encore comme d’une culture très contraignante mais apportant un complément financier apprécié.

Chronique agricole

LE TABAC.

La grande et rapide extension de la culture du tabac dans le canton de Rumilly, depuis quelques années, les livraisons qui s'en font actuellement par les planteurs, nous autorisent à commencer, par de simples observations sur cette plante, la série d'études rurales que nous nous proposons de faire ici, avec l'aide de nos cultivateurs expérimentés. Quel est le premier livre de l'homme, sinon la nature ? Nous essayerons, dans chacun des numéros du Petit Savoyard, d'épeler un mot de ce livre immense.

Nous causerons avec les intelligents planteurs, qui nous diront : que les semailles du tabac s'effectuent en mars ou avril, qu'au bout de deux mois environ on transplante, qu'on enlève ensuite les feuilles inférieures jusqu'à quinze ou vingt centimètres du sol et qu'on écime la tige en ne laissant sur pied qu'un certain nombre de feuilles absorbant toute la sève, puis, ordinairement vers la fin d'août où de septembre, lorsque les feuilles ont atteint leur plus grand développement les planteurs nous diront qu'on les coupe et qu'on les porte au séchoir, où elles restent jusqu'à complète siccité. On les arrange, ajouteront-ils, par paquets nommés manoques (de l'espagnol manojas) dont on forme des masses recouvertes de petites planches légèrement pressées. L'État s'étant réservé le monopole des tabacs, ces différents travaux s'exécutent sous la surveillance des employés de l'Administration, qui, nous disons cela aux étrangers, à établi un magnifique entrepôt à Rumilly. Terminons ces observations sur le plantage en relatant que, lors de l'opération du triage, les feuilles supérieures, plus unies et plus souples, sont réservées pour la robe ou enveloppe du cigare, tandis que les feuilles inférieures, plus épaisses et rarement intactes, sont destinées à l'intérieur du cigare, ou utilisées, suivant provenance et qualité, pour le tabac à fumer ou le tabac en poudre.

La fabrication du tabac s'achève ensuite dans les manufactures. De l'entrepôt de Rumilly, il est dirigé sur Lyon, Paris, Lille, Toulouse, Bordeaux, où tout autre point. Là, on hache les feuilles au moyen de machines particulières armées d'un couteau et mues par la vapeur, et on le torréfie un peu ; cette torréfaction a pour but de prévenir la fermentation ultérieure ; finalement on sèche le tabac. Quant au tabac à priser, il présente des manipulations plus longues. Après avoir mouillé les feuilles, on les hache à l'aide d’une roue tournant rapidement sur son axe et munie à sa circonférence de plusieurs couteaux bien affilés

LE PETIT SAVOYARD

MACHINES À VAPEUR VERTICALES
DIPLÔME D'HONNEUR
MÉDAILLE D'OR et GRANDE MÉDAILLE D'OR 1872
MÉDAILLE DE PROGRÈS (équivalent à la Grande Médaille d'Or)
à l'Exposition universelle de Vienne 1873
portatives, fixes à locomobiles, de 1 à 20 chevaux. Supérieures par leur construction, elles ont seules obtenu les plus hautes récompenses dans les expositions et la médaille d'or dans tous les concours. Meilleur marché que tous les autres systèmes ; prenant peu de place, pas d'installation ; arrivant toutes montées, prêtes à fonctionner ; brûlant toute espèce de combustible ; conduites et entretenues par le premier venu ; s'appliquant par la régularité de leur marche à toutes les industries, au commerce et à l'agriculture.

GRANDE SPÉCIALITÉ
de machines à vapeur verticales portatives demi-fixes avec chaudières à bouilleurs croisés ou à tubes système Field, de machines à vapeur horizontales demi-fixes ou locomobiles avec chaudières tubulaires où tubulaires à retour de flammes et à foyer amovible. Ateliers spéciaux pour la construction de tous les types de chaudières économiques.

J. HERMANN-LACHAPELLE
166, RUE DU FAUBOURG-POISSONNIÈRE, à PARIS
Journal Le Petit Savoyard (journal de Rumilly), n° 11, 1877
On refait une toiture. La Ville, environs d'Albens (1900)
On refait une toiture. La Ville, environs d’Albens (1900)

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¹ P. Guichonnet, Histoire de la Savoie – Ed. Privat.

Albanais 1900

Albanais 1900 est un livre épuisé, paru en avril 1991 (dépôt légal, ISBN 2-9505656).

Cet ouvrage avait été un travail conjoint de Bernard Fleuret, de Kronos, de La Biolle Loisirs, avec la participation gracieuse de Jean-Louis Hebrard pour le texte.

Vous retrouvez ci-dessous la mise en ligne de ce livre, découpé par chapitres, ou vous pouvez télécharger le livre scanné au format pdf.

Avant-propos

L’Albanais dans l’espace et le temps

Nos villages :

Dans l’Albanais à la Belle Époque :

Bibliographie de l’époque (Articles parus dans des revues locales)

Louis Perroud raconte la « Grande Guerre », Kronos n° 1
Fides et Spes, deux cloches centenaires, Kronos n° 1
La Tuilerie Poncini, Kronos n° 2
L’huilerie Tournier à Saint-Girod, Kronos n° 2
Le rattachement du canton d’Albens au département de la Savoie, Kronos n° 3
Philibert Mollard, Kronos n° 3
La Chambotte, une signature de la Belle Époque, Kronos n° 4
Un chemin de fer historique : celui d’Aix à Annecy, Kronos n° 4
A Vélocipède dans l’Albanais au début du siècle, Kronos n° 5
La fanfare « La Gaîté » de La Biolle, Kronos n° 5
La batteuse, Les Amis du vieux Rumilly n° 8
Les clochers de l’Albanais, Les Amis du vieux Rumilly n° 7
À Albens, autrefois…, Les Amis du vieux Rumilly n° 5
Vacances d’autrefois en Albanais, Les Amis du vieux Rumilly n° 7
Les deux forges de Saint-Félix, Les Amis des Moulins savoyards n° 4
Vivre à Saint-Ours, Bulletin municipal

La composition et la photogravure d’origine : A.P.P. Grenoble.

Maquette et couverture : Philip Astorg et Bernard Fleuret. Imprimerie du Marais, Albens.

Brèves agricoles de l’entre-deux-guerres

Les colonnes du Journal du Commerce et de l’Agriculture de Rumilly regorgent dans ces années-là d’une multitude d’informations brièvement annoncées permettant au lecteur d’aujourd’hui de retrouver les échos d’une vie agricole pleine de surprises.
Durant vingt ans, au fil des pages, ont été publiés le cours d’une paire de bœufs dans les foires villageoises mais aussi une présentation de l’engrais « Magic Tabac » comme celle de la race de poule « Faverolles » primée au concours agricole d’Albens. Partons à la découverte de quelques unes de ces « petites fenêtres » ouvertes sur la vie rurale d’alors.
La fréquentation des foires aux bestiaux, les échanges qui s’y effectuent, les cours qui s’y pratiquent sont rapportés mensuellement : « Favorisée par le temps, la foire de février qui s’est tenue vendredi avait attiré une très grosse affluence de visiteurs. Le bétail particulièrement nombreux emplissait le vaste champ de foire, et nous avons noté un chiffre de paires de bœufs rarement égalé. Les cours sont demeurés stationnaires et les transactions ont été assez actives, » peut-on lire en 1937 au sujet de cette foire à Albens.
Une information similaire est donnée pour la foire de mars de La Biolle où l’on note aussi parmi le bétail « un grand nombre de paires de bœufs » mais aussi de vaches.

Attelage dans les années 30 (collection famille Picon et Kronos)
Attelage dans les années 30 (collection famille Picon et Kronos)

La foire demeure alors un lieu d’échanges très actif comme on le constate pour celle qui se tient en février 1924 à Albens et qui « avait rassemblé un lot imposant de beau bétail ; les forains étaient nombreux et ont fait des affaires. Par contre, les agriculteurs demandent le fort prix pour le bétail ; les marchands sont tenaces et la foire a duré jusque dans l’après midi ; douze wagons de bestiaux ont été expédiés sur les centres : Lyon et Paris ».
D’après l’étude de Josette Reynaud « L’Albanais (Savoie) – étude économique » parue en 1944 dans la Revue de Géographie Alpine, on comprend le pourquoi de cette domination des bovins dans l’élevage local. La préoccupation principale écrit-elle « est le lait, les vaches laitières forment les 76% du troupeau de gros bétail ; à côté les bœufs au nombre de 442 n’en représentent que les 6% ». Puis elle précise à propos de la vache qu’elle « est devenue l’un des pivots de l’agriculture albanaise ; c’est désormais elle qui est le gagne-pain le plus assuré du cultivateur, qui fournit le rendement le plus stable ».
Les vaches, très souvent de race tarine, sont particulièrement prisées comme en 1928 où durant la foire d’Albens, « le prix des vaches laitières a marqué une légère hausse ». C’est un fait divers qui nous permet d’avoir une indication plus chiffrée. En 1924, le Journal du Commerce rapporte le vol qui a eu lieu dans une ferme à Saint-Ours : « Mme Jeanne C, ménagère, âgée de 55 ans, qui avait quitté son domicile vers 13h30, constate, à son retour, vers 18 heures, que les couvertures et le matelas de son lit avaient été déplacés. Elle s’empressa de retirer de dessous l’oreiller une somme de 1760 francs qu’elle y avait placée. De cette somme, qui provenait de la vente d’une vache, il ne restait que 760 francs ; les 1000 francs de billets en liasse avaient disparu… La gendarmerie enquête ». Josette Reynaud dans son article nous apprend que « chaque vache donne environ 2000 litres de lait par an ». C’est cette production de lait, acheminée quotidiennement vers les nombreuses fruitières locales qui engendre quelques faits divers savoureux, soigneusement rapportés par la presse locale.

« Chaque soir à l'intersection de la route… » Cliché collection Kronos
« Chaque soir à l’intersection de la route… » Cliché collection Kronos

« Chaque soir à l’intersection de la route… » Cliché collection Kronos

En 1929, ce sont des cultivateurs bavards qui « encombrent » par leur présence le carrefour d’Albens : « nous tenons à signaler que chaque soir à l’intersection de la route de Rumilly, Saint-Félix et La Chambotte, les cultivateurs venant de livrer le lait tiennent des conciliabules obstruant complètement la route. Les autos sont obligées de s’arrêter pour attendre que les porteurs de brandes veuillent bien les laisser passer ». On découvre parfois des informations plus poignantes. Ainsi en 1928 pour cette fraude au mouillage du lait : « B.M, femme I, avait mis de l’eau dans le lait qu’elle vendait et ce à raison de 26%. Au tribunal, la prévenue invoque la misère. Elle reconnaît le délit mais déclare avoir mis de l’eau dans le lait pour subvenir aux besoins de son ménage. Elle est condamnée à 15 jours de prison avec sursis, à 100 francs d’amende ». C’est sans doute pour fuir une telle situation qu’à Saint-Offenge, la même année, que « la dame B.F, qui portait du lait à la fruitière de Saint-Offenge-Dessus, aperçut l’inspecteur des fraudes ; à ce moment elle fit un faux pas, tomba et tout son lait fut versé, sauf une petite partie qui, examinée, fut reconnue suspecte ». Sa chute ne fut pas vaine, « inculpée d’entrave à l’exercice des fonctions du contrôleur, mais prétendant pour sa défense que sa chute est purement accidentelle, le tribunal ne pouvant établir la chose d’une façon certaine, la fait bénéficier du doute ».
À partir de ces faits divers, on voit à quel point, comme l’explique Josette Reynaud, « le lait est devenu pour le paysan une ressource sûre, qui n’est pas sujette aux crises, et c’est pour cette raison et parce qu’il demande moins de main d’œuvre que les céréales et surtout le tabac » qu’il est alors « l’un des pivots de l’agriculture albanaise ».
Le tabac fait aussi l’objet de multiples brèves dans le Journal du Commerce. La plupart concernent les contrôles, le fonctionnement du syndicat des planteurs de tabac, la désignation d’experts ou les déclarations de tabac en mairie. Des dates sont fixées, les planteurs « sont prévenus qu’il ne sera pas reçu de déclarations tardives ».

Le char du Tabac en 1946, Fête de la Terre à Albens (archive Kronos)
Le char du Tabac en 1946, Fête de la Terre à Albens (archive Kronos)

C’est pour cette culture que l’on voit arriver « la chimie » dans les pratiques agricoles. Sous le titre « Syndicat des Planteurs de Tabac des cantons d’Albens et de Grésy-sur-Aix », un article de 1923 nous apprend que les « expériences faites l’an dernier par plusieurs planteurs à l’aide de l’engrais complet, « Magic Tabac », ont donné des résultats assez satisfaisants malgré la très grande sécheresse qui a considérablement gêné l’assimilation des corps entrant dans la composition de cet engrais ». On découvre aussi que « les délégués de la Fédération, après avoir entendu un exposé de la question fait par Madame Meyer, directrice de la maison « Magic », ont décidé qu’il y aurait lieu de recommander aux planteurs l’emploi de ce produit ». Le conditionnement en sacs de 20 ou 50kg n’est que faiblement majoré. Des offres de livraison en gare du domicile sont faites pour inciter à passer commande.
Si nous ne sommes pas encore dans le monde de « l’agro-industrie », nous voyons déjà apparaître la notion de nuisances et de salubrité publique sur laquelle insiste cette brève de 1924 : « Il est rappelé qu’aux termes d’un arrêté municipal, l’épandage du contenu des fosses d’aisances et des purins est interdit dans l’agglomération pendant les mois d’été de 5 heures à 22 heures, à moins de 100 mètres des habitations ».
Déjà, la notion de « troubles de voisinage » était à l’ordre du jour.

Jean-Louis Hebrard