Kronos vous convie à son Assemblée Générale qui se déroulera le vendredi 3 juin à 20h00, à la salle des fêtes G. Clerc Renaud de Mognard.
Cette Assemblée Générale sera suivie par la conférence « Francoprovençal, patois, savoyard et sabaudismes », présentée par Jean-Baptiste Martin, professeur émérite de cultures et langues régionales et ancien doyen de la Faculté d’anthropologie et de sociologie de Lyon.
Nous vous rappelons que d’anciens numéros de la revue Kronos seront en vente à prix modiques afin que vous puissiez compléter votre collection.
Ce vendredi 14 avril, la famille Matthiez a offert à Kronos un traîneau datant de la première moitié du XXème siècle, en présence de la maire déléguée d’Albens, Claire Cochet.
C’est un traîneau à neige de 2 à 3 places, avec le cocher à l’arrière sur un siège de cuir rembourré.
À quoi pouvait-il servir ? Provient-il d’une station de montagne, comme le Revard, avant la démocratisation de la voiture ? Appartenait-il au médecin de l’époque ?
Si vous avez une idée, n’hésitez pas à nous contacter !
Durant le mois de février 1956, la France et la Savoie subissent la plus sévère vague de froid de la décennie. Le 5 février, dans les rues de Chambéry, il fait -16° ; dix jours plus tard, à Belley, les platanes de la ville éclatent sous l’effet du gel. Nos chambres étaient glaciales, se souvient un témoin de Menthonnex qui conserve en mémoire la glace qui recouvrait les vitres au petit matin. Ces conditions polaires (-30° à Megève, -27° à Termignon) persistent jusqu’à la fin du mois entraînant de nombreux dégâts, tuant près de 200 personnes dans tout le pays.
L’hiver, qu’il soit très rigoureux ou supportable, est alors la saison du retour des cataplasmes. Ce remède faisait partie intégrante de la pharmacie familiale. Sa composition la plus classique était à base de farine de lin ou de farine de moutarde et quelquefois d’un mélange des deux. Malaxée avec de l’eau, on faisait chauffer le tout assez longtemps afin d’obtenir un emplâtre bien chaud qui était ensuite étalé dans un tissu de lin soigneusement plié. L’ensemble, posé sur la poitrine, souvent maintenu par une flanelle pour profiter de la chaleur, était gardé 10 à 15 minutes. « Et ça chauffait, dur même ! » écrit Magitte sur son blog (magitte.over-blog.com). « Souvenirs cuisants » poursuit-elle « plus on était rouge, mieux c’était… À rendre jaloux les homards… ce que je supportais en poussant des cris ». Une attitude plus que normale dans une société qui reste encore très doloriste, invitant les enfants à se montrer courageux. Le but de l’opération était de faire venir le sang pour atténuer le plus possible la congestion.
L’Ouataplasme, pansement (collection privée)
On soignait bien d’autres affections comme les furoncles, panaris, compère-loriot et autres à l’aide de pansements émollients aseptiques vendus en pharmacie sous le nom d’Ouataplasme. La notice qui accompagne le produit précise « une fois l’Ouataplasme imbibé d’eau tiède, il suffit d’étaler sur la mousseline la quantité nécessaire, selon l’âge du malade, d’une pâte épaisse obtenue en délayant de la farine de moutarde ordinaire dans un peu d’eau. L’Ouataplasme peut être laissé en place tout le temps nécessaire à la révulsion que le médecin veut obtenir. Il ne provoque aucune irritation ». Il n’en reste pas moins que le côté collant et désagréable de la médication est un fait, un ressenti passé dans le langage courant pour qualifier le fâcheux dont on dit « Oh ! Celui là, c’est un vrai cataplasme ». Comme les cataplasmes, la pose des ventouses, autre façon de soigner les refroidissements, est difficile à supporter. Cette façon de soigner à l’aide de petits récipients en verre était pratiquée par tous les foyers de France tant à la campagne qu’à la ville depuis fort longtemps. Dans les années 50, tout le monde possède un lot de ces petits pots en verre, le plus souvent entreposé dans une boite ou une mallette en bois.
Lot de ventouses (collection particulière)
De petite taille, la ventouse présente une ouverture rétrécie, un fond arrondi et un bord muni d’un bourrelet assez épais. On les appliquait côte à côte sur la peau pour attirer le sang, par révulsion. Leur pose exigeait que l’on ait au préalable chauffé l’air intérieur. Pour cela, une compresse, du coton ou un morceau de papier imbibé d’alcool à brûler était enflammé dans le récipient. La flamme éteinte, la ventouse était placée sur le dos du malade. En refroidissant elle produisait le puissant effet de succion attendu pour soigner les bronchites et autres problèmes respiratoires. Rangé dans la catégorie des « remèdes de bonnes femmes » à partir des années 60, l’usage des ventouses se perd peu à peu.
Pour les maux de gorge, on traitait avec un collutoire au bleu de méthylène. Découvert à la fin du XIXème siècle par un chimiste allemand, cet antiseptique est toujours employé dans les années 50. Enfant, on nous demandait d’ouvrir largement la bouche pour recevoir le badigeonnage. « Fais Ah ! » nous enjoignait-on. On s’y prêtait de bonne grâce, sachant que le collutoire allait calmer l’inflammation.
Boite d’ampoules (collection privée)
Si l’on avait recours à des produits issus de la chimie comme le mercure au chrome, cicatrisant pour les écorchures, ou les ampoules de teinture d’iode comme désinfectant puissant, c’était encore vers une médication par les plantes que l’on se tournait bien souvent.
Soigner les écorchures (Manuel classe fin d’études, 1958)
À la pharmacie d’Albens comme dans bien d’autres officines de Savoie, il était possible de trouver la camomille, l’aubépine, la chélidoine, le millepertuis et bien d’autres plantes nécessaires pour les tisanes et autres préparations. Sinon, pour tous ceux qui connaissaient les simples, la collecte dans la campagne et la culture dans le jardin fournissaient l’essentiel. Dans un article de la revue d’ethnologie Le monde alpin et rhodanien, dans le numéro 4 de 1976, on découvre les « Remèdes d’autrefois à Saxel ». Originaire de cette commune de Haute-Savoie, l’institutrice Julie Dupraz livre dans un bel article (consultable en ligne www.persee.fr) le fruit d’un long travail d’enquête sur les ressources médicinales des habitants de la commune dont elle était originaire.
La chélidoine contre les verrues (collection privée)
Mises à macérer dans de l’alcool ou de l’huile, préparées en tisane c’est-à-dire en infusion comme en décoction, les plantes permettent de calmer, cicatriser, désinfecter, aider à guérir de la grippe, de la jaunisse ou de problèmes de peau. C’est l’usage que l’on fait alors de la chélidoine qui « fait passer » les verrues. La camomille en infusion est souveraine en cas de digestion difficile mais on l’utilise aussi pour le lavage des yeux.
L’eau de vie, désinfectant habituel dans les fermes, sert pour la macération du chèvrefeuille que l’on emploie pour faire mûrir panaris et mal blanc. L’aubépine comme le tilleul sont employés en infusion pour calmer les enfants auxquels on propose alors la célèbre « eau sucrée », un placébo très efficace. Melle Dupraz parle aussi de l’extraction des dents de lait à l’aide d’un bout de fil à coudre et aussi de l’importance du « rhabilleurs », le rebouteux qui soigne les foulures et remet en place vertèbres et articulations.
Les séniors d’aujourd’hui qui ont connu le temps où les antibiotiques étaient rares voient avec étonnement revenir au goût du jour l’usage des ventouses, des cataplasmes et des « médecines d’autrefois ».
En vous rendant à la bibliothèque, venez découvrir la nouvelle exposition « Albens 1900 : dix clichés retrouvés ». Des photographies surprenantes accompagnées de courts textes sur la vie du village il y a 120 ans. Des militaires stationnent devant l’église, une fanfare se met en marche, on processionne pour la Fête Dieu dans la Grand rue, femmes et hommes posent tranquillement dans le carrefour, à la gare, une énorme locomotive à vapeur s’apprête à partir.
En pleine installation dans l’escalier, vers la bibliothèque
L’exposition devrait être visible durant quelques mois. L’association remercie la commune d’Entrelacs pour son accueil.
Dans tous les livres scolaires, on trouvait alors des exercices de bassins qui se remplissent, de fontaines qui coulent, de champs à clôturer ou de récoltes à vendre. Ce type de problème correspond alors à une France encore très rurale dans laquelle les paysans constituent une part importante de la population active. Aussi, le certificat d’études a-t-il pour fonction d’assurer à la majorité des jeunes qui le passent de solides bases de calcul ainsi qu’une bonne connaissance des unités de mesure dont ils auront un usage quotidien au village comme à la ferme.
Albens, la fontaine rue de la poste (collection particulière)
De tous les exercices de calcul proposés, ceux qui concernent l’eau qui coule des fontaines, remplit les bassins, sont les plus courants. Ils sont en prise avec la vie des villages dans lesquels plus de 80% des logements ne possèdent pas l’eau courante, nécessitant de se rendre quotidiennement à la fontaine publique. Installée à l’entrée de la rue de la Poste, celle d’Albens a été réalisée en 1836 sous le règne du roi de Piémont-Sardaigne Charles Albert. Dans les années 50, son modeste débit peut faire écho au problème suivant : « Une fontaine donne 25 litres d’eau en 14 minutes. Une autre donne 41 litres en 21 minutes. Quelle fontaine débite le plus d’eau dans le même temps ? Au bout de combien de temps, la fontaine qui coule le plus vite aura-t-elle donné 100 litres de plus que l’autre ? ». Dans le village de Braille c’est le magnifique bassin qui peut entrer en résonnance avec cet énoncé : « Un bassin mesure 1m75 de large, 4m50 de long, et 1m80 de profondeur. On le remplit grâce à un robinet qui débite 82 litres par minute. Combien de temps faudra-t-il pour remplir ce bassin ? ».
Le bassin de Braille
Pour réussir tous ces problèmes et bien d’autres, il faut être capable de jongler avec les litres, hectolitres, ares et hectares, mètres et kilomètres, bien savoir que soixante secondes font une minute et soixante d’entre elles s’écoulent durant une heure. Le protège-cahier, avec ses illustrations, est là pour nous aider à mémoriser toutes ces unités. On y trouve par exemple la représentation des diverses mesures pour les liquides, en étain pour le vin, en fer blanc pour le lait ou pour l’huile.
Pour le vin, le lait et l’huile (collection particulière)
Leurs formes sont alors familières aux enfants des régions céréalières comme de celles tournées vers la viticulture ou l’élevage laitier. De cette façon, on ne doit pas être surpris d’avoir à résoudre pour un éleveur le problème suivant : « Un cultivateur possède 5 vaches qui lui procurent en moyenne chacune 8 litres de lait par jour. De 2 litres de lait, on retire 20 centilitres de crème et 1 litre de crème donne 250 grammes de beurre. Si le beurre vaut 56 francs le kilo, calculez quelle somme rapporte au cultivateur en une semaine, ses 5 vaches ».
La rédaction de ces exercices demandait aux jeunes élèves d’effectuer une lecture très attentive. Avant de se lancer dans les calculs, il fallait bien avoir compris l’histoire racontée, bien identifier les différentes unités que l’on allait utiliser. Ensuite, il était temps de se lancer dans la résolution du problème en prenant bien soin d’écrire de façon lisible toutes les opérations avant, au final, de rédiger la réponse. Un exercice qui pouvait en perdre plus d’un.
Le système métrique illustré (dictionnaire)
Les histoires qui habillaient ces exercices se rapportaient le plus souvent au monde agricole. Tantôt il fallait calculer un volume de bois, d’autre fois clôturer un champ dont on devait calculer le périmètre, prévoir le nombre de piquets nécessaire, sans oublier l’installation d’une porte. Mais le plus souvent il était question des récoltes : « Un cultivateur a récolté 126 hectolitres de blé dont il a vendu la moitié au prix de 750 francs le quintal (100 kilos). Combien cette vente lui a-t-elle rapporté, si l’hectolitre de blé pèse 81kilogrammes ? ». Après avoir jonglé avec les hectolitres et les quintaux, un autre exercice vous plongeait dans des calculs de rendement et la valse des hectares, kilos, ares et quintaux. Dans celui-ci, il est question de récolte de pommes de terre : « Un cultivateur a planté en pommes de terre un champ de 2 hectares et demi. Le rendement moyen est de 180 kg l’are. Évaluer en quintaux le poids de la récolte. Cette récolte est vendue en trois fois : un tiers à l’arrachage à 12,50 F le quintal ; la moitié du reste au début de l’hiver à 150 F la tonne. Le reste des pommes de terre n’est vendu qu’au mois de mars à 17,40 F le quintal, mais le cultivateur constate un déchet de 10%. Quelle somme retirera-t-il de sa récolte ».
Géographie du cours moyen (collection privée)
Tous les exercices ne tournaient pas autour des réalités agricoles. Avec les sujets portant sur la circulation des trains, le calcul nous faisait entrer dans le monde plus moderne des transports, la voie ferrée étant alors le moyen de transport le plus populaire.
La BB 9004, image album Kohler (collection privée)
C’est le temps où la SNCF se lance avec succès dans la modernité avec l’électrification de la traction et du réseau. Ces réussites sont célébrées par la presse enfantine : « Avec les CC 7107 et BB 9004 qui ont roulé à 330 km/h, la France détient le record du monde sur rail. Ce record absolu a permis d’améliorer la vitesse commerciale sur les lignes électrifiées, si bien que nous possédons les trains les plus rapides du monde sur des distances de plus de 500 km, notamment avec le « Mistral », qui relie Paris à Marseille ».
Dans nos livres de calcul, les trains ne roulaient pas aussi vite, jugez-en plutôt : « Un train quitte Grenoble à 6h. Il roule à 72km/h. Un autre train quitte Annecy à 8h. Il roule à 69 km/h. À quelle heure et à quelle distance de Grenoble vont-ils se rencontrer ? Grenoble et Annecy sont distantes de 87 kilomètres ».
À vos calculettes ou cahiers de brouillon pour trouver maintenant les résultats de tous ces exercices.
À la fin de l’année dernière, Kronos a été invitée dans l’émission « Place aux associations » de Radio Grand Lac, aux côtés de la batterie-fanfare d’Albens et de l’association Zyg’O’matics.
Si vous l’avez ratée, vous pouvez ré-écouter ci-dessous les interventions de Jean-Louis Hebrard et de Bernard Fleuret :
Ce vendredi 1er octobre, Kronos pouvait enfin tenir son assemblée générale en présentiel à la salle des fêtes l’Ébène de La Biolle. Tout avait été mis en place pour assurer la mise en œuvre des mesures sanitaires requises.
Peu après 20h, le président de Kronos, Fabien Millioz ouvrait l’assemblée générale par la présentation du bilan moral faisant ressortir l’activité de l’association auprès du large public de l’Albanais, esquissant les projets pour les années prochaines. Dans un programme fourni on a pu relever la reprise prochaine des conférences, les animations dans les écoles à la demande des enseignants, la mise en ligne de l’ouvrage « L’Albanais 1900 » introuvable aujourd’hui mais aussi la poursuite des publications avec la sortie du numéro 37 de la revue et la préparation d’une brochure consacrée au centenaire de la rosière d’Albens. Ce bilan comme le bilan financier ont été adoptés à l’unanimité des adhérents et la liste des membres du conseil d’administration reconduite. Le président donne ensuite la parole à Claire Cochet, maire déléguée d’Albens, qui après avoir excusé Jean-François Braissand maire d’Entrelacs empêché, se félicita du rôle joué par Kronos dans la connaissance du passé local et sa diffusion la plus large.
Dans la salle de l’Ébène, le public et Claude Mégevant lors des échanges. (cliché B.Fleuret)
Pour cette reprise de contact, l’association était heureuse de pouvoir bénéficier de l’intervention de Claude Mégevant, co-fondateur de la Société d’Histoire de la Salévienne. Adhérents de Kronos et simples spectateurs (60 personnes environ) ont découvert avec bonheur le film « Le royaume partagé ou l’histoire des États de Savoie ». Racontée par Clotilde Courau, comédienne et princesse de Savoie, avec l’appui et les interventions de nombreux universitaires, cette histoire multi-séculaire aborde en 52 minutes les grands moments des États de Savoie, présente les figures princières et royales incontournables de cette épopée. Le film inscrit aussi la Savoie dans le concert culturel de son temps la dotant d’un patrimoine prestigieux à l’image des belles églises baroques de Maurienne et Tarentaise. Un débat a poursuivi la projection, nourri de toutes les questions et remarques qu’un public connaisseur et intéressé n’a pas hésité à poser à l’intervenant. Un grand moment d’échange qui est inscrit dans l’ADN de l’association par ses contacts avec les sociétés voisines (Amis du Vieux Rumilly, Association des gorges du Sierroz, Société d’Art et d’histoire d’Aix), par l’ouverture des colonnes de sa revue à de nouvelles signatures, par ses relations avec les écoles du secteur.
Les conversations se sont poursuivies autour d’un verre et d’une petite collation offerte à la fin.
Une belle Assemblée Générale qui laissera certainement un bon souvenir.
Kronos vous invite à son Assemblée Générale, qui aura lieu le vendredi 1er octobre 2021, à la salle des fêtes L’Ébène de la Biolle, à 20h.
En seconde partie de soirée sera projeté le film Le Royaume partagé ou l’histoire des États de Savoie, en compagnie de Claude Mégevand, co-fondateur et président de la société d’histoire la Salévienne.
Entrée libre sous réserve de passe sanitaire, preuve de vaccination ou test PCR négatif de moins de 72 heures.
Ce jeudi 1er juillet, Jean-Louis Hebrard donnera une conférence intitulée « Fêtes de la Terre : le monde agricole se met en scène ! ».
Elle aura lieu à 18h15 au musée de Rumilly.