Tous les articles par kronos

La revue n° 36 est sortie !

Malgré les conditions sanitaires, Kronos est au rendez-vous pour la 36ème année consécutive, avec la nouvelle revue intégralement en couleurs.
Au programme :
Kronos_36

  • Un instituteur dans le siècle : le journal de Jean-Paul Pollier (1844-1933)
  • Jean Moulin a-t-il séjourné à La Biolle ?
  • Une famille de l’Albanais : les Emonet de Cessens – 2nde partie
  • La culture du tabac
  • Les 130 ans de l’Opinel
  • Joseph Bossu et Claudine Genoulaz : émigration en Argentine
  • Notre-Dame-du-Grand-Retour parcourt l’Albanais en 1946
  • Les 150 ans du Journal du Commerce

Vous pouvez la retrouver dans les points de vente suivant :

  • Maison de la presse à Albens (Entrelacs)
  • Maison de la presse à La Biolle
  • Maison de la presse à Saint-Félix
  • Maison de la presse à Gruffy
  • Boulangerie Challe à Bloye
  • Carrefour Market de Grésy sur Aix
  • Hyper U de Rumilly
  • Espace Leclerc de Drumettaz

Bonne lecture !

Des nouvelles de Kronos

Malgré les contraintes que nous connaissons tous, l’association KRONOS est restée et reste active :

• Sur internet avec son site www.kronos-albanais.org
• À travers des articles paraissant dans l’Hebdo des Savoie
• Et très prochainement la parution de la revue annuelle forte de quarante pages et en couleur.

Si vous souhaitez nous soutenir, n’hésitez pas à adhérer !

Collectionner et connaître le monde

Collectionner timbres et images est un véritable plaisir pour les enfants de la IVème république. Les marques de chocolat, Kholer, Menier, Poulain proposent de belles images que l’on est invité à coller dans un album. Tout comme les timbres, elles sont pour les enfants d’alors des fenêtres sur le monde, une occasion de voyager, de faire autrement qu’en classe de la géographie. Elles sont aussi, mine de rien, un moyen de se cultiver, dans un temps où l’image n’est pas aussi omniprésente qu’aujourd’hui.

Album d'images (collection privée)
Album d’images (collection privée)

Édité par Nestlé et Kholer, l’album « Les Merveilles du Monde » nécessite pour être complètement illustré de collecter dix images pour chacun des 21 chapitres qu’il comporte. Le dépaysement dans le temps et dans l’espace est garanti, faisant successivement découvrir les « Enfants de la Terre verte » (le Groënland) mais aussi ceux du « Mystérieux Orénoque » avant d’inviter le jeune collectionneur à participer à « L’épopée saharienne du pétrole ». Dans la France de 1956 qui est encore présente en Algérie et au Sahara, la mise en exploitation de ces nouveaux gisements pétroliers est un évènement d’importance.

Vignette Kholer et timbre de 1959 (collection privée)
Vignette Kholer et timbre de 1959 (collection privée)

Les dix images de ce chapitre héroïsent l’action des hommes travaillant dans le désert à la recherche des hydrocarbures. La vignette placée en tête est ainsi légendée « Un targui sur son méhari. À l’arrière-plan, une exploitation de pétrole au Sahara ». Un bleu intense colore la majeure partie de cette image rectangulaire (8cm de haut pour 5,5cm de large) tandis que le jaune évoque très conventionnellement le sable du désert. La modernité regarde avec bienveillance la tradition représentée par un « homme bleu » sur son dromadaire. Un pétrolier, casque de protection sur la tête, discute avec l’homme du désert. Derrière, ses compagnons s’activent énergiquement. Ces images sont conçues pour nous faire apprendre tout un vocabulaire spécifique : la torchère pour brûler les gaz, le derrick pour forer à l’aide d’un trépan jusqu’à l’oléoduc appelé aussi « pipe-line ». Ce n’est pas un hasard si l’action de ces hommes est mise en avant. En effet, le monde entre alors dans l’ère du pétrole, de l’or noir. C’est ce que célèbre aussi la poste française avec ce timbre édité en 1959. Tous les jeunes philatélistes d’alors sont à la recherche de ces images dentelées. Celui-ci met en évidence l’importance du gisement d’Hassi Messaoud d’une part et d’autre part le tracé du pipe-line qui a été construit pour acheminer le pétrole jusqu’au port de Bougie sur la côte algérienne. De discrets dromadaires rappellent que nous sommes en plein désert. La présence française en Algérie semble toujours assurée.
Collectionner les timbres était une passion largement partagées par les garçons.

Vignette Cémoi (collection privée)
Vignette Cémoi (collection privée)

Il fallait posséder le matériel de base : la pince, la loupe et l’album. Le chocolat Cémoi, une marque grenobloise, avait lancé une opération. Sa publicité expliquait que « Les établissements Cémoi insèrent désormais dans chaque tablette de chocolat un timbre de collection car ils connaissent l’engouement des jeunes pour la philatélie ». La marque mettait en avant tout le sérieux de l’opération, la collection étant « établie en collaboration avec Yvert et Tellier ». Elle assurait avoir l’assentiment des parents mais aussi du monde scolaire, n’hésitant pas à affirmer « Ce n’est pas par hasard si les élèves qui ont l’esprit ouvert collectionnent les timbres-postes ». Pour la somme modeste de cinq timbres à 0,25 francs, on pouvait recevoir un album de 2 000 cases, 800 clichés au beau format (23x27cm) intitulé « le Monde entier ». À l’ouverture de chaque tablette, c’était le suspens. Quel timbre allait-on trouver ? En provenance de quel pays ? L’avait-on déjà ? Par un ingénieux système de « points échange » on pouvait se débarrasser du doublon, faire évoluer sa collection.

Les timbres du chocolat Cémoi (collection privée)
Les timbres du chocolat Cémoi (collection privée)

Depuis la fin de la guerre, le monde est en plein bouleversement politique. Grâce à notre collection, nous devenons de véritables détectives pour parvenir à identifier certains états dont le nom n’est pas immédiatement compréhensible. À force, nous savons que Eire est le nom de l’Irlande, CCCP correspond à l’Union soviétique et Magyar Posta est l’appellation de la poste hongroise. Ces petites images recèlent de précieuses informations sur l’organisation du monde. Ouvriers métallurgistes, chimistes, ouvrières du textile ou paysannes sont les principales figures mise à l’honneur par les pays de l’Europe de l’Est satellites de l’Union soviétique. À l’opposé, l’Amérique s’affirme comme la patrie de la liberté en mettant en avant le portrait de Georges Washington ou la statue de Bartoldi éclairant le monde. Nous ignorons alors le terme de « guerre froide » mais identifions Mao Tse Toung le dirigeant de la Chine communiste. On connaît aussi le visage de la jeune reine d’Angleterre et découvrons qu’elle est aussi souveraine à l’autre bout du monde en Nouvelle-Zélande et en Australie. La carte de l’Inde n’a plus de mystère, un petit timbre nous en montre ses frontières du moment, bien avant que le Bangladesh ne s’en sépare.

Le cahier de géographie (collection privée)
Le cahier de géographie (collection privée)

À l’école, nos instituteurs recevaient des timbres oblitérés des nouvelles émissions de la Poste. Ils s’en servaient dans les cours d’histoire et de géographie pour faire passer de multiples connaissances. Nous étions invités à rapporter les timbres récupérés à la maison. Cela donnait lieu à un travail minutieux pour décoller le timbre de la carte postale ou de l’enveloppe. On utilisait la vapeur d’eau pour faire fondre la colle sans abimer la vignette. Ensuite venait le temps délicat du séchage à l’aide d’un buvard.
Ce temps des collections d’images ou de timbres semble aujourd’hui bien éloigné de notre société hyper connectée.

Jean-Louis Hebrard

Assemblée Générale 2020

Après deux reports, Kronos s’est résignée à tenir son Assemblée Générale à distance, par mail.
À l’unanimité, les membres de Kronos ont validé les bilans moraux et financiens, la liste du Conseil d’Administration, ainsi que les nouveaux statuts.

Merci pour cette confiance, et, espérons-le, à bientôt pour le retour de nos conférences !

Kronos et les sorties du patrimoine

Le samedi 19 septembre, à l’occasion de l’édition 2020 des Journées européennes du patrimoine, l’association Kronos a proposé une visite de l’église d’Albens suivie le lendemain par une promenade dans le lit de l’Albenche. C’est une vingtaine de personnes qui malgré le contexte sanitaire ont répondu présentes pour découvrir l’histoire mouvementée de la construction de l’église. Elles ont aussi pu s’informer sur la réalisation des sculptures, vitraux et autres éléments de décor.

Visite de l'église
Visite de l’église

Dimanche 20 septembre, une quinzaine de personnes ont descendu l’Albenche. Depuis Pouilly jusqu’au pont sur la départementale 1201, les pieds dans l’eau mais la tête au sec, les participants ont découvert le rôle que joue et a joué la rivière dans l’histoire du village. Elle fut un danger avec de terribles crues dont il a fallu se protéger durant des siècles à l’aide de digues dont la dernière, plus solide, achevée en 1914, sert encore de protection au village.

Elle était aussi une source d’énergie recherchée ce qui explique l’installation de nombreux ateliers sur ses rives comme l’atelier Dhelens. Fut aussi évoqué la construction d’une réplique de la grotte de Lourdes vers 1935 ainsi que le rôle d’animation de la vie sociale avec les traces d’un lavoir à proximité du pont sur la départementale.

Déambulations dans l'Albenche
Déambulations dans l’Albenche

Journées du Patrimoine 2020 : 19 et 20 septembre

Pour les Journées Européennes du Patrimoine, les samedi 19 et dimanche 20 septembre Kronos vous invite à deux visites guidées et gratuites :

  • Samedi 19 septembre à 14h et à 15h15
    Visite de l’église d’Albens, une vieille dame à découvrir
    Rendez-vous devant l’église
  • Dimanche 20 septembre à 14h et 15h15
    Promenade dans l’Albenche et histoire du village
    Se munir de bottes et bâtons. Annulée si pluie. Rendez-vous aux jardins de l’Albenche.

Inscriptions conseillées, en précisant la visite et l’horaire choisis : les places sont limités.
E-mail de contact : contact@kronos-albanais.org

journeespatrimoine2020

Kronos reçoit la visite de V.E.L.O.

Ce samedi 11 juillet, l’association V.E.L.O. (Voyage Écologique Local Oxygéné) entamait la première étape de son « Échappée autour des Bauges », voyage à vélo de quatre jours mixant cyclisme et culture. L’association avait choisi l’Espace patrimoine d’Albens pour découvrir plus particulièrement l’histoire des chaussures « Lux Alba ». Contact avait été pris grâce au site www.kronos-albanais.org.
En respectant les gestes barrières (gel et masques mis à disposition) et par groupe de dix personnes, les cyclistes découvraient l’aventure industrielle des sœurs Cathiard qui firent produire durant la seconde guerre mondiale de belles chaussures en raphia vendues jusqu’à Lyon et Paris. Une vitrine permettait de comprendre l’élaboration et la confection de ces chaussures réalisées par une main-d’œuvre locale.

Après la visite (cliché B. Fleuret).
Après la visite (cliché B. Fleuret).

Après de fructueux échanges et une photo de groupe, les cyclistes sont repartis sous le soleil vers Montagny-les-Lanches, destination de leur première étape.

Assemblée Générale 2020 – repoussée

Étant donnée les circonstances sanitaires actuelles, l’Assemblée Générale est repoussée à une date ultérieure.

 

Kronos vous invite à son Assemblée Générale, qui aura lieu le vendredi 3 avril 2020 à la salle des fêtes de Mognard.
Elle sera suivie par la projection du film « Le Royaume partagé, ou l’histoire des États de Savoie », présenté par Claude Mégevand, co-fondateur de la société d’Histoire de la Salévienne.

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Appel à don : reconstruction du four de Braille

L’association Kronos est actuellement en partenariat avec la Fondation du Patrimoine. À ce titre, Kronos est chargée de collecter les dons sous forme de chèques libellés à l’ordre de « Fondation du Patrimoine, Four de Braille à Entrelacs ».

Plus d’informations sur le site de la Fondation du Patrimoine, sur lequel vous pouvez directement faire un don donnant droit à une réduction d’impôts, et dans la brochure ci-dessous.

Bon de souscription pour la reconstruction du four de Braille page 1
Bon de souscription pour la reconstruction du four de Braille page 1
Bon de souscription pour la reconstruction du four de Braille page 2
Bon de souscription pour la reconstruction du four de Braille page 2

Timbres et monnaies, miroirs politiques (1937-1946)

Lorsque la guerre commence pour la France, le 3 septembre 1939, la Troisième République est en place depuis 65 ans. Personne ne peut alors imaginer les bouleversements à venir : disparition de la république remplacée en 1940 par l’État Français, régime autoritaire de Pétain, puis retour aux valeurs démocratiques en 1944 avec le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) conduit par De Gaulle, aboutissant en 1946 à l’installation de la IVe République. Des changements de régime qui se lisent encore sur les timbres et les monnaies de l’époque.

Le 1F50 de 1941
Le 1F50 de 1941

Le 25 janvier 1941, le profil de Philippe Pétain, chef de l’État Français, s’affiche pour la première fois sur tous les courriers que les Français vont s’échanger tout au long de l’Occupation. Dessiné par Jean Eugène Bersier et gravé par Jules Piel, l’effigie du chef, véritable médaille, est posée sur un lit de feuilles de chêne. La référence à l’arbre vénérable venu du fond de l’histoire de France, le profil à l’antique de l’octogénaire sont là pour frapper les esprits de façon insidieuse. Toute référence à la république a disparu, laissant la place à la mention « Postes Françaises » très en lien avec la politique pétainiste de « Révolution Nationale ». Jusqu’à présent, seul Napoléon III avait figuré de son vivant sur les enveloppes. Pétain s’assoit à son tour sur une règle de l’Union Postale Universelle voulant qu’on ne puisse avoir un timbre à son effigie qu’après son décès. Pour s’inviter quotidiennement dans les foyers, il n’y a rien de mieux quand on sait que ce timbre, de couleur brun-rouge, au tarif de 1F50, sera tiré à 3 852 800 000 exemplaires entre janvier 1942 et juin 1944. C’est une rupture complète avec la IIIe République qui produisait des timbres à la gloire des dieux Mercure et Iris ou de la très célèbre Semeuse.

Semeuse et sport d'hiver, timbre de 1937.
Semeuse et sport d’hiver, timbre de 1937.

Comme on peut le voir sur ce très beau timbre de 1937, la République Française est inscrite en toutes lettres ou figure sous la forme abrégée RF. Point d’effigie du président de la république Albert Lebrun réélu en 1939 mais une belle évocation de la pratique du sport à Chamonix-Mont-Blanc voisinant avec l’allégorie de la semeuse.
Tout comme pour les timbres, la guerre des devises et des symboles se lit sur les monnaies.

IIIe République, État Français, les monnaies
IIIe République, État Français, les monnaies

La trilogie républicaine « Liberté Egalité Fraternité » surmontée par deux épis trône en lettres majuscules, façon antique, sur l’avers de la pièce de 10 francs de 1930. Autre trilogie sur la pièce de 1943. Vichy y proclame son « Travail Famille Patrie » vite transformé par les Français affamés en « Travail famine Patrie ». Au revers de ces pièces, le beau profil de la République Française cède la place à la francisque de l’État Français. Cette dernière a été conçue comme « symbole du sacrifice et du courage » pour une « France malheureuse renaissant de ses cendres ». Le médecin et conseiller privé de Pétain, Bernard Ménétrel, est à l’origine de cet « objet » conçu pour être une décoration et qui va devenir « l’emblème » du maréchal. Pour renforcer l’attachement au chef de l’tat, le bâton de maréchal de France couvert d’étoiles est substitué au manche de la hache. Cette arme fait-elle référence à une arme celte ou franque ? Dans un article de presse de janvier 1941 on lit « Voilà donc la francisque des Francs promue au rang de symbole national ». Une référence qui entre en conflit avec le mythe scolaire de nos « ancêtres les Gaulois ». Pour trancher cette question, l’arme est baptisée par le régime « francisque gallique ». Très vite cette « arme politique » va entrer en conflit avec une croix, celle de Lorraine, symbole de la France Libre.

Timbres aux chaînes brisées – 1944
Timbres aux chaînes brisées – 1944

Imprimée à l’été 1944, la série de timbres appelée « aux chaînes brisées » est emblématique de la Libération. Ce timbre d’usage courant, de format vertical, créé par André Rivaud, gravé par Henri Cortot, traduit l’esprit du moment. La France enfin libre célèbre la sortie des fers qui l’enchaînaient. La république est restaurée en majuscule. Au cœur du monde libre, l’écusson tricolore du pays vient d’être relevé sous l’égide du général De Gaulle. Les timbres de l’État Français sont démonétisés en août 1944. Certes l’effigie du maréchal circule encore quelques temps mais avec des surcharges du type « Chambéry FFI Savoie 1F50 » que le nouveau gouvernement autorise un temps. Bien vite, les courriers mal affranchis sont refusés ou renvoyés à l’expéditeur. La république est désormais affirmée tant sur les timbres que sur les monnaies.

Timbres de la Libération
Timbres de la Libération

Marianne au bonnet phrygien fait son apparition, le coq dressé sur ses ergots proclame haut et fort le renouveau républicain. Bientôt, la croix de Lorraine disparaîtra des timbres avec le départ du général De Gaulle du gouvernement et Marianne régnera seule sur les courriers de la IVe République.

Monnaie de 1946
Monnaie de 1946

Tout change aussi dans les porte-monnaie. C’est maintenant le règne de la grande pièce de cinq francs frappée dans l’aluminium, grâce à laquelle les générations du baby boom vont se régaler des friandises (rouleaux de réglisse, poudre acidulée…) que la nouvelle société de consommation offre désormais.

Jean-Louis Hébrard