Lors de la semaine du sociétariat, la caisse locale du Crédit Agricole des Savoie d’Entrelacs, représentée par son président René Granger, a remis un chèque de 840€ à l’association Kronos pour la parution de son livre sur le couronnement de la Rosière, tradition chère aux habitants d’Entrelacs.
Rédigé par deux passionnés, Bernard Fleuret et Jean-Louis Hébrard, cet ouvrage retrace cent ans d’histoire sur l’évolution de la condition féminine, à travers l’élection d’une jeune fille méritante au titre de Rosière. On y découvre également une fête communale unique en Savoie, remarquable par sa durée, qui relève aujourd’hui du domaine patrimonial et culturel.
Engagé sur le terrain comme le sont également les associations, le Crédit Agricole des Savoie partage avec elles les mêmes valeurs mutualistes : proximité, responsabilité et solidarité. Il lui est donc évident de soutenir les projets des associations et de les accompagner au quotidien pour les aider à agir pour tous.
Le Crédit Agricole des Savoie pense qu’une grande banque doit être utile à l’économie réelle, à la formation, à la culture, au sport et à tout ce qui préoccupe les Savoyards, notamment dans le monde associatif. À travers ses caisses locales et ses sociétaires et en soutenant les initiatives locales, le Crédit Agricole des Savoie contribue ainsi au développement de son territoire.
Ce samedi 23 à 10h, à la mairie d’Albens, Kronos vous invite à une balade surprise dans le cadre du Téléthon. Une participation de 5€ vous sera demandée, reversée au Téléthon.
Vendredi 13 décembre 2024 à 20h, Kronos vous invite à une projection d’un film de Marius Bonhomme, intitulé : La Biolle, sa faune, sa flore et les marais protégés.
La projection gratuite aura lieu à l’Espace Patrimoine à Albens.
Le musée de Rumilly vous invite à une conférence de Jean-Louis Hébrard :
La carte postale pour documenter l’histoire locale de l’Albanais avant 1900
À travers une série de 60 cartes postales, la conférence permet de suivre les transformations que connaît alors la Savoie (agriculture, transports, tourisme…) pour terminer sur quelques vues des villes proches
Jeudi 17 octobre après-midi, dans la salle d’animation d’Albens, s’est déroulée une rencontre intergénérationnelle organisée par la commune d’Entrelacs. Les classes GS/CP/CE de l’école des Allobroges avaient travaillé au préalable sur le thème de la vie quotidienne dans les années 1940/1950. De nombreux ateliers étaient proposés : vieux métiers (fabrication de cordes, de fourches, tressage de l’osier et du noisetier, production du pain) ainsi qu’un atelier d’écriture à la plume. De nombreux objets étaient aussi exposés, grands et petits ont pu ainsi découvrir les vieux téléphones, les fers à repasser, les anciennes cartes scolaires et bien d’autres souvenirs.
Stand du pain – stand des cordages
Les enfants ont débuté cette après-midi par des chants avant d’aller voir les artisans mais aussi de s’essayer à tenir un porte-plume et à utiliser le buvard. Tout s’est achevé par un goûter offert.
L’atelier d’écriture à la plume
Une occasion pour Kronos d’aller à la rencontre des enseignantes, des jeunes scolaires, des parents qui accompagnaient les classes et des plus anciens.
Pour la jeune génération d’après 1945, la « petite reine » a bien moins la cote qu’au temps de Front populaire. Peut-être qu’elle veut oublier les temps difficiles de l’Occupation où elle était le seul moyen abordable pour se déplacer. À l’orée des années 50, on délaisse donc le « biclou » pour les nouveaux engins à moteur. Le premier Solex circule dès 1946, suivi rapidement en 1949 par la Mobylette de Motobécane. Encore quelques années et une guêpe, la Vespa, arrivera d’Italie avec ses couleurs attrayantes et son allure dans le vent.
Des vélos pour se déplacer (archives kronos)
Toutefois, une partie encore importante de la population reste attachée au vélo. Dans la famille cycliste, on relève ceux qui à la campagne n’ont pas d’autres moyens de déplacement, particulièrement les femmes et enfin ceux pour qui la bicyclette est un loisir. Le Chasseur Français, mensuel très populaire à l’époque, fourmille de publicités célébrant la robustesse des cycles Manufrance produits à Saint-Etienne : « Pour vos enfants, pas de bonnes vacances sans une vraie bicyclette », peut-on lire dans le numéro 642 d’août 1950. La publicité précise que ces bicyclettes : « ne sont pas des jouets, mais la copie en réduction des modèles pour homme et pour dame… toutes ont roue libre, deux freins, et sont livrées avec pompe et sacoche garnie ».
Une réclame du Chasseur Français (collection privée)
Dans le numéro de novembre 1950 de la même revue, ce sont les bicyclettes Hirondelle qui font l’objet d’une publicité en pleine page. On met en évidence « une présentation élégante et de bon goût », mais on insiste aussi sur leur solidité : « les bicyclettes Hirondelle durent toute une vie et conservent indéfiniment leur bel aspect de neuf ». L’achat d’un cycle reste un évènement important dans la vie, rendant possible une certaine autonomie. Dans le bourg d’Albens, les clients peuvent choisir les modèles qui leur conviennent chez Louis Rivollet après le passage à niveau, mais aussi chez Joseph Reithler ou Jean Lacombe dans le village. Avec l’essor du niveau de vie, il ne faut plus en 1957 qu’une cinquantaine d’heures de travail pour l’achat d’un modèle courant à 16 000 francs. Si la production annuelle diminue lentement durant les années 50, la bicyclette n’en reste pas moins bien présente dans les films comme dans les chansons. En 1947, Bourvil connaît le succès avec une chanson comique pleine de double sens, À bicyclette. En jouant sur le double sens du mot « coureur », il fait de cette composition d’Étienne Lorin et de René Laquier une chanson mythique. Le cinéma n’est pas en reste si l’on pense au célèbre facteur à vélo du film Jour de fête de Jacques Tati, ou de l’œuvre plus dramatique du cinéma italien Le voleur de bicyclette, un film néoréaliste de Vittorio de Sica sorti en 1948. Si la bicyclette est encore bien présente dans les films, c’est un peu moins le cas sur les routes, où elle rencontre la concurrence des engins motorisés comme les cyclomoteurs. De petite cylindrée, consommant peu de carburant, ils font leur entrée sur le marché avec la célèbre Mobylette. Engin hybride dont le nom résulte de la contraction entre mobile et bicyclette, la mobylette est à l’origine un modèle et une marque déposée pour un cyclomoteur de chez Motobécane. De la bicyclette, on a conservé le cadre, la taille des roues et des pneus, la selle et le guidon. C’est le petit moteur d’une cylindrée inférieure à 50cm3 et le petit réservoir qui en font un engin motorisé capable de rouler à 35 km/h en ne consommant que 2 litres aux 100 kilomètres.
Manufrance produit le cyclomoteur Hirondelle
L’entreprise Motobécane, premier constructeur français du moment, se lance alors dans la production massive de Mobylettes pour faire face au succès du Solex. Elle organise un atelier de montage approvisionné par sa division bicyclette pour les cadres et pour les moteurs par celle des motos.
Motobécane 125 « dans son jus »
Très vite, trois cents Mobylettes sortent chaque jour de l’atelier qui montera en puissance pour fournir jusqu’à 6 000 machines par mois. Mais pour concurrencer durablement le Solex, il faut gagner la guerre du prix. En effet, le cyclomoteur « ultra minimaliste » qu’est le VéloSolex coûte 5 000 francs de moins qu’une Mobylette. La différence est impossible à surmonter. En 1953, on va produire 100 000 VéloSolex, trois fois plus dix ans plus tard. Très léger, le petit engin motorisé rencontre un large public féminin mais pas seulement. Le cinéma en est la preuve. Pour sa première apparition sur les écrans en 1952, on peut voir Brigitte Bardot circuler à VéloSolex, mais c’est avec Jacques Tati que l’engin revient régulièrement sur les écrans. Monsieur Hulot, son personnage mythique, ne se déplaçant qu’à VéloSolex dans Mon Oncle ou encore dans Les vacances de Monsieur Hulot.
Publicité pour le VéloSolex (collection privée)
Une nouvelle venue va faire son apparition sur les écrans comme dans les rues au milieu des années 50, la Vespa. Dans Vacances romaines sorti en 1953, ce scooter transporte dans les rues de la Ville éternelle la très souriante Audrey Hepburn avec sur le porte bagage un autre monstre du cinéma, Gregory Peck. Avec son allure fuselée, la Vespa, mise au point en Italie dès 1949 par l’entreprise Piaggo, va conquérir le marché européen car elle véhicule des images de liberté, de sportivité et de jeunesse. Toutefois, elle n’est pas à la portée de tous, son prix équivalant alors à trois mois de salaire d’un employé. C’est un engin très astucieux qui reprend des techniques venues de l’aviation. En effet, en ruine après la guerre, l’usine aéronautique Piaggo a dû se reconvertir. La Vespa rapidement mise au point va se distinguer des autres motocyclettes. Les concepteurs utilisent des procédés de l’aéronautique comme la fixation latérale des roues, employée pour les trains d’atterrissage. Mais ils innovent aussi en montant directement le moteur sur la roue arrière par l’intermédiaire de la boite de vitesses. De ce fait, la chaîne de transmission disparaît. Il est alors possible de dégager une place pour les pieds à l’avant et de protéger les jambes par un carénage. La Vespa possède ainsi une allure bien particulière qui fait dire à Enrico Piaggo : « Elle a l’air d’une guêpe ». Ce scooter (un terme signifiant trottinette en anglais) permet d’atteindre 55km/h avec son moteur 2 temps. Il va marquer la fin des années 50 et toute la décennie suivante. Aujourd’hui, pour de toutes autres raisons, le développement des mobilités douces semble nous faire replonger dans ces années d’après guerre.
Les années 50 inaugurent l’ère des gentils matraquages publicitaires. Ceux de La Pie qui Chante comptent parmi les plus aboutis. Les auditeurs sont abreuvés de la célèbre petite ritournelle « Y’a une pie dans l’poirier, j’entends la pie qui chante… ». Ces publicités assurent la notoriété d’une marque dont les bonbons sont partout en vente. Son animal emblématique fait référence au monde des fables que tous connaissent, école oblige. On retrouve l’oiseau sur les buvards de classe qui affirme « Plus maligne que Maître Corbeau, la Pie qui Chante garde ses bonbons pour les enfants sages ».
Porte clé (collection privée)
Sur les paquets très colorés, une sympathique pie, au bec largement ouvert, laisse échapper un chant mélodieux, avertissant les enfants en pique-nique que maman vient d’ouvrir l’enchanteur paquet de bonbons. Le retour en force des sucreries sonne la fin de l’univers du manque qui fut celui des années de guerre et d’occupation. « Durant plusieurs années après le conflit mondial, le sucre fut une denrée rare. On le remplaçait par la saccharine » écrit Bernard Demory dans son livre de souvenirs, Au temps des cataplasmes. Point de véritables bonbons. Le premier que j’ai connu « s’appelait le chocolat enrobé. C’était une sorte de Carambar composé d’une pâte de fécule sucrée enveloppée d’une mince couche de chocolat. Je dus attendre l’été 1949 pour découvrir les véritables bonbons », introduits par les Américains. Des confiseries qui trônent bien en vue sur le comptoir des épiceries. Albens comme de nombreux villages de l’époque possède pas moins de six épiceries, dont le magasin Montillet Frères et la toute nouvelle Étoile des Alpes.
Publicité début des années 50.
C’est un univers merveilleux pour les enfants qui peuvent dévorer des yeux les grands bocaux en verre remplis de sucreries ou le Pierrot gourmand en céramique portant son alléchant éventail de sucettes.
Buste Pierrot gourmand, dessin et collage.
Pour consommer, les enfants, qui ne disposent pas encore d’argent de poche, doivent gagner les quelques pièces nécessaires à la satisfaction de leur gourmandise. Le pécule ne se composait que de quelques pièces gagnées ici et là. On est volontaire pour aller chercher le pain, pour ramasser l’herbe des lapins ou encore déconsigner les bouteilles et récolter ainsi quelque menue monnaie. Il y a aussi la stratégie qui consiste à quémander les restes de monnaies après les courses avec maman. Ceux qui avaient un franc étaient déjà fortunés car souvent c’était plutôt les pièces de 20 ou 50 centimes qui tintaient dans les poches. Aussi, posséder une belle pièce de cinq francs était une véritable aubaine, un graal rendant possible les beaux achats avec les copains.
Le sésame pour les bonbons (collection privée)
En sachet, en bâton ou en rouleau, la réglisse a toujours des adeptes parmi les gourmands. Chacun avait sa façon de consommer le ruban de réglisse enroulé comme un escargot autour d’une dragée de couleur. On le partageait en petits morceaux entre copains mais on pouvait aussi le savourer en solitaire. Une façon très amusante consistait à saisir le rouleau dans ses dents puis à le laisser pendre doucement et le grignoter centimètre après centimètre. Les bombons Car en Sac étaient souvent consommés de façon compulsive en rassemblant dans sa main une bonne poignée de ces dragées colorées dont on se remplissait la bouche. Le bâton de réglisse en bois demandait une consommation lente et assidue. Il était mâché consciencieusement donnant à son extrémité jaunâtre une allure de pinceau touffu. On pouvait le laisser un temps pour en reprendre le sucement plus tard.
Des bonbons encore d’actualité.
Le « bonbon coquillage » évoque alors les vacances au bord de mer que l’on voit dans les films ou que certains, plus chanceux, découvrent alors. Son nom qui relève des expressions enfantines n’est autre que le roudoudou. Édouard Bled, bien connu des écoliers décrit ainsi ce bonbon : « sorte de sucre mou, coloré en rouge, vert ou jaune ». Une sucrerie que l’écrivain Paul Vialar replace aussi dans un lycée de ses romans où « le concierge vendait des roudoudous et des chocolats fourrés ». Le contenant dans lequel il est coulé fait son succès, en l’occurrence un vrai coquillage de praire. « Tu te souviens comme on aimait le manger jusqu’au bout », raconte Françoise dans son blog, « ça coulait un peu sur le menton, qu’importe si on ressortait tout collant ». Qu’importe donc, puisqu’on pouvait garder ensuite ce petit coquillage blanc qu’on aimait tant. C’est pourquoi il bénéficiait d’un avantage sur les autres bonbons en sucre cuit comme les berlingots ou les sucres d’orge. Mais cet univers sucré allait connaître sa révolution américaine avec l’arrivée sur le marché des pâtes à mâcher, c’est-à-dire le chewing-gum. Les fines plaquettes vertes des Hollywood chewing-gum sont bientôt concurrencées vers 1958 par le double rouleau rose du Malabar.
Faire des bulles avec Malabar (collection privée)
Le chewing-gum à la menthe profite du nom mythique de la capitale du cinéma américain qui fait rêver avec ses films et ses stars. C’est l’époque où sort dans les salles La fureur de vivre avec l’extraordinaire James Dean. Aussitôt Hollywood chewing-gum lance le mot d’ordre de « la fraîcheur de vivre ». On entre dans une ère nouvelle, celle d’une jeunesse qui mâchouille sans cesse. Elle fait la désolation des maîtres et maîtresses d’école qui luttent avec courage contre cette invasion. L’arrivée des malabars inaugure les concours de bulles dans les cours de récréation. Ce n’est pas très esthétique mais follement amusant. C’est beaucoup moins vrai pour la manie qui consiste à coller le chewing-gum usagé sous les pupitres et les chaises, au risque d’une sévère punition. Cette pratique peu hygiénique entraînait en fin d’année scolaire une remise en état des tables et chaises avec une séance collective de décollage et grattage. Mais qu’importe, le vieux monde triste des parents et grands-parents se trouvait emporté par l’explosion d’une énorme bulle rose de chewing-gum.
Samedi 6 septembre 2024, dans la cour de l’ancienne école maternelle de Saint-Félix, Kronos avait installé son stand. Grâce à Viviane Fay de l’AEMC qui s’est occupée de la logistique, nous disposions d’une table, de chaises et d’une prise de courant afin d’alimenter un ordinateur et présenter, grâce à un power- point, notre dernier ouvrage « Couronnement de la Rosière à Albens ».
Marius, Bernard et Jean-Louis tiennent le stand (cliché Kronos)
Bernard Fleuret a eu l’occasion de rencontrer les élus locaux, le maire de Saint-Félix, Alain Bauquis, ainsi que la conseillère départementale, Fabienne Duliège. Nous avons aussi noué de nombreux contacts avec les associations voisines ainsi qu’avec les curieux d’histoire locale attirés par nos publications. Nous leurs avons aussi indiqué l’adresse de notre site. Des adhésions ont ainsi été enregistrées.
En pleine discussion avec des curieux d’histoire (cliché V. Fay)
Le lendemain, nous étions présents au forum des associations d’Albens avec une équipe encore plus étoffée (Jean-Louis, Bernard, Annie, Raymond, Marius et parfois Gérard).
L’équipe au stand d’Albens (cliché Bernard Fleuret)
Nous avons aussi rencontré beaucoup d’intérêt auprès des visiteurs, répondu à de nombreuses sollicitations. C’est pourquoi une équipe étoffée est un véritable atout pour pouvoir répondre aux nombreuses demandes d’information lorsque plusieurs personnes nous interpellent en même temps. Des ventes (deux livres, une revue), des promesses d’adhésion, s’inscrivent à l’actif de cette matinée.
Remercions la municipalité d’Entrelacs, son maire Jean-François Braissand et toutes les équipes pour cette belle réussite.
Ce jeudi matin, sous un beau soleil, nous nous sommes retrouvés dans les studios de Radio Grand Lac, avenue Saint-Simon à Aix-les-Bains.
Jean-Louis, Charlène, Bernard
Confortablement installés, équipés de nos casques, nous avons pu présenter le nouveau livre de Kronos Couronnement de la Rosière à Albens. Bien installée entre son grand-père, Bernard Fleuret, et le vice-président de Kronos, Jean-Louis Hébrard, Charlène Fleuret (100ème rosière) a répondu en premier aux questions de Jean-Pierre Germain. Durant près d’une heure, ce fut le temps d’expliquer l’origine de cet ouvrage qui couche sur le papier l’histoire d’une tradition unique en Savoie, mettant à l’honneur une jeune fille impliquée dans la vie locale. Ce fut l’occasion d’évoquer le souvenir de Benoît Perret, le fondateur de cette fête, et de raconter l’évolution de la condition féminine entre 1922 et 2022. Ce passage en studio a été trop rapide pour pouvoir relater toutes les anecdotes concernant cette tradition, anecdotes que les lecteurs pourront retrouver dans ce bel ouvrage de 128 pages, aux éditions GAP. Merci à Sandra Baud qui a été aux manettes durant tout notre passage en studio, à Jean-Pierre Germain au micro de l’émission. Une belle matinée qui s’est terminée par une sympathique séance photo.
Bernard, Charlène, Jean-Pierre, Sandra et Jean-Louis.
Vous pourrez prochaine écouter cette émission en podcast.
Après la Libération puis durant les années 50, l’industrie pétrochimique, portée par le vent du modernisme, déverse en abondance sur la société toute la gamme des matières plastiques. Par leurs usages très variés, elles entrent « dans les petits objets de la vie de tous les jours ». Désormais, dans toute la maison et particulièrement dans la cuisine, les formes évoluent, la couleur entre dans le quotidien. Impossible d’imaginer à l’époque que cet univers allait devenir « vintage » un demi-siècle plus tard. « Formica, c’est formidable ! », proclament à longueur de pages les magazines féminins. La publicité vante d’abord le côté résistance de cette matière merveilleuse : « la préparation de vos plats se fera à même le Formica qui ne craint ni les chocs, ni les graisses, ni la chaleur, car ce remarquable revêtement résiste à tant de choses ». Dans un univers qui semble accumuler les petites catastrophes, le Formica devient une assurance « tous risques ». Les réclames qui en énumèrent une liste sans fin vous rassurent : « Sans importance, le verre renversé, l’encrier répandu, la cigarette oubliée ». Dans un monde de maladroits ou de négligents, le Formica résiste aussi aux « frottements répétés, à l’eau bouillante, à l’alcool, aux acides usuels, à l’eau de mer, aux gribouillis des enfants ». Cette magie du plastique se heurte parfois à la réalité, comme en témoignent alors les marques de brûlures laissées sur le beau Formica par une malencontreuse cigarette.
Le monde magique du Formica (collection privée)
Supportant les agressions, le Formica a comme autre qualité sa facilité d’entretien : « d’un coup de chiffon humide, il retrouve tout son éclat », : mais « un coup de Spontex » peut tout aussi bien faire l’affaire. Mine de rien, tout un changement de mentalité est instillé par une publicité pleine « d’arguments » dont celui de l’amélioration de la vie de la ménagère « libérée de toutes les petites contraintes, de tous les soucis d’entretien ». Cette nouvelle matière fait enfin entrer la couleur dans les intérieurs domestiques avec plus de cinquante coloris en catalogue. Le liseré noir qui borde tables, chaises et buffets accentue par contraste des couleurs éclatantes : jaune citron, rouge framboise, orangé, bleu vif ou vert d’eau. Ces belles surfaces satinées et brillantes disqualifient le traditionnel mobilier en bois. Des surfaces dont le fini incomparable, affirme la publicité, qui s’harmonisent « à merveille aux lignes épurées du meuble d’aujourd’hui ». Les meubles peuvent alors adopter des formes nouvelles avec des courbes audacieuses ou des lignes épurées comme le donne à voir cet intérieur de la fin des années 50. Dans « Mythologies », Roland Barthes pointe en 1955 cette révolution du plastique dont il dit « c’est une substance ménagère, une matière artificielle, plus féconde que tous les gisements du monde ». La même année, Léo Ferré compose « Le temps du plastique », un texte dans lequel l’ironie de l’auteur fait merveille. Les matières naturelles se voient désormais ringardisées au profit du simili, du factice, du toc, de l’imitation.
Intérieur fin années 50 (collection privée)
Peu à peu, le plastique supplante les matières traditionnelles comme la terre cuite et la poterie. Les beaux pichets et les brocs que les nombreux ateliers de l’Albanais ou de la Marnaz produisaient voient le pot à eau en plastique leur souffler la vedette. Il faut dire que le nouveau venu est bien plus sympathique avec son aspect bicolore, sa forme rebondie. Il se fond parfaitement dans le nouvel univers coloré du Formica et illustre la nouvelle façon de penser qui affectionne surtout la légèreté.
C’est léger et moderne (collection privée)
Les pendules de cuisine elles aussi sont entièrement repensées car le plastique, comme le Formica permet d’innombrables audaces tant pour les formes que pour les coloris.
On soigne le visuel (collection privée).
On privilégie les courbes faisant alterner portions concaves et convexes. Les marques Japy, Jaz ou Beroz proposent des créations colorées qui mettent en valeur un cadran clair facilitant la lecture de grands chiffres noirs. Protégées par un verre légèrement bombé, les aiguilles au design moderne sont actionnées par un petit moteur électrique à pile. Il est un domaine qui résiste à cette marée du plastique, c’est celui des bouteilles et autres récipients en verre. L’explication tient en un seul mot : la consigne des bouteilles. Mise en place dans les années 50, elle permet au consommateur qui verse une somme modique lors du premier achat de retourner les bouteilles à l’épicier. Le client a le choix, soit remplir à nouveau ses bouteilles de vin, de bière, de lait, ou bien de récupérer la somme payée en supplément. Les enfants se chargent alors volontiers de déconsigner les bouteilles, espérant que les parents veuillent bien abandonner les quelques centimes de la consigne. Même s’il faut laver les bouteilles, passer soigneusement l’écouvillon, on aime bien ce système. Il faudra attendre les années 60 et leur matraquage publicitaire en faveur des bouteilles jetables pour que le plastique l’emporte peu à peu. Aujourd’hui répandu aux quatre coins de la planète, ayant envahi les océans, le plastique jetable n’est plus moderne comme il le fut autrefois. Retournement de mentalité, les récipients et bouteilles en verre consignés ont à nouveau le vent en poupe.