Regard sur l’Albanais au début du XXème siècle

Réalisée à l’occasion de la journée « Culture et Vous » du samedi 7 juin, cette exposition intitulée « Regard sur l’Albanais au début du XXème siècle » vous propulse plus d’un siècle en arrière.
Tirées à partir de vieilles plaques photographiques en verre, ces images donnent à voir quelques moments de la vie quotidienne. La série se termine par un cliché pris après la Grande guerre, au moment de l’inauguration du monument aux morts d’Albens en 1922.

Prenez un verre au café Ginet à Saint-Félix
Prenez un verre au café Ginet à Saint-Félix
Découvrez les conscrits de Saint-Girod
Découvrez les conscrits de Saint-Girod

Ou allez au chalet du Sire pour une descente à ski
Ou allez au chalet du Sire pour une descente à ski

En poursuivant plus avant dans l'exposition, admirez les acrobates à la vogue de Saint-Félix
En poursuivant plus avant dans l’exposition, admirez les acrobates à la vogue de Saint-Félix

Attendez devant la Poste d'Albens
Attendez devant la Poste d’Albens

Deux autres clichés sont plus insolites :

Cerclage d'une roue de charrette
Cerclage d’une roue de charrette
Procession dans la rue de la poste, aujourd'hui rue Joseph Michaud
Procession dans la rue de la poste, aujourd’hui rue Joseph Michaud

La dernière photographie a été réalisée le jour de l’inauguration du monument aux morts d’Albens en novembre 1922. Elle donne un aperçu de la foule qui est présente ce jour-là.

Inauguration du monument aux morts d'Albens
Inauguration du monument aux morts d’Albens

Merci à tous ceux qui ont bien voulu confier à l’association ces beaux témoignages réalisés pour l’essentiel dans les années 1900 à 1910.


* Les tirages des clichés et la mise en forme, ont été réalisés par le studio Grand Angle à Aix-les-Bains


Jean-Louis Hébrard

La revue 40 est sortie…

… depuis déjà près de deux mois ! Il était temps de l’annoncer officiellement, d’autant plus qu’il s’agit de notre 40ème revue !

Au sommaire :

  • Le vin de Chautagne en Suisse avant le XXe siècle
  • Des chantiers de jeunesse au maquis (2de partie)
  • De La Biolle à la Bulgarie, la nourrice et le roi
  • Pierres à cupules, la famille s’agrandit
  • L’incendie de Châtillon (Chindrieux)
  • Histoire de l’alpage du Thurroz
  • Le costume de Saint-Offenge
  • « Il était une fois » Kronos
  • Les activités de Kronos en 2024

Si ce n’est déjà fait, vous pouvez la retrouver dans les points de vente suivants :

  • Maison de la presse à La Biolle
  • Magasin SPAR à Albens
  • Carrefour Market de Grésy-sur-Aix
  • Hyper U de Rumilly
  • Espace Leclerc de Drumettaz

En l’honneur de TRAJAN : une inscription latine du IIème siècle désormais visible à l’Escale

  • Découverte au XVIIIème siècle dans le village – placée au XIXème siècle dans le mur de la cure, puis à la fin du XXème siècle devant le nouveau centre administratif.
  • L’inscription : plaque de calcaire moulurée, brisée à gauche, dimensions : 62,5 x 130,5 x 22 cm. Texte de 3 lignes en lettres majuscules profondément gravées, bien lisibles dont il manque la moitié.
Inscription latine
Inscription latine
  • Ce qu’elle raconte :
    1ère ligne : indique le nom de l’évergète CERTI et sa filiation.
    2ème ligne : Il offre au villageois VICANIS d’Albens, une construction avec ses ornements (ORNAMENTIS).
    3éme ligne : en l’honneur de l’empereur Trajan (TRAINI) qui vient de remporter en 116 une victoire sur les Parthes (PARTICI).
    Cette indication permet de dater l’inscription entre 117 et 118.

Un dernier terme demeure encore incompréhensible : VANTESICAE.

Cette inscription, complétée par celle conservée à Marigny-Saint-Marcel atteste de l’importance antique d’Albens (temples, thermes, aqueduc, palestre).

Placée désormais à l’Escale elle permettra à tous de prendre conscience d’une très longue permanence humaine.
Merci à la municipalité d’Entrelacs pour la sauvegarde de ce témoin antique bi-millénaire.

Pour en savoir plus : reportez-vous au numéro 8 de la revue Kronos.

Hébrard Jean-Louis

Des classes de CP découvrent le patrimoine antique d’Albens

En ce début du mois de juin, les classes de CP de l’Albanaise ont réalisé une promenade patrimoniale dans Albens.

L’École l’Albanaise

Rendez- vous avait été donné avec la classe de M-F. Eynard le lundi 2 juin puis le jeudi suivant avec celle de C. Moggi. La mission consistait à faire découvrir tout ce que l’on a conservé du passé romain de notre cité. Après avoir observé la belle inscription installée dans le mur du nouveau centre culturel, nous nous sommes rendus au vieux cimetière d’Albens où une grande colonne antique nous attendait. Elle a permis d’imaginer l’importance du temple auquel elle appartenait il y a 2 000 ans. La sortie s’est prolongée par un passage à l’Espace Patrimoine pour explorer le musée et ses collections.

Les CP devant l'Espace patrimoine
Les CP devant l’Espace Patrimoine

Avec la complicité de Jean-Louis Hébrard, un petit exercice de lecture d’une inscription latine a été proposé aux 50 archéologues en herbe.

Inscription latine du 1er siècle (en photographie au musée).
Inscription latine du 1er siècle (en photographie au musée).


L’occasion de découvrir l’importance du bourg romain d’Albens avec ses temples, ses thermes avec un aqueduc pour l’alimenter en eau pour les bains.
Une belle sortie à reprogrammer dans les années prochaines. Rappelons que toutes nos interventions sont gratuites, il suffit de nous contacter sur le site www.kronos-albanais.org


Jean-Louis Hébrard

Forêt de Corsuet et pierre à cupules avec Denis et Jean-Louis

Samedi 17 mai, nous étions seize membres de l’association Kronos à nous retrouver à l’entrée de la forêt de Corsuet pour une visite commentée, sous la conduite de Denis Berthet, ancien forestier de l’ONF.

Denis Berthet nous raconte l'histoire de cette forêt
Denis Berthet nous raconte l’histoire de cette forêt

Par un temps superbe, le groupe est parti à la découverte d’arbres majestueux, d’essences diverses, constituant une cadre bucolique très fréquenté par la population urbaine toute proche. L’occasion de prendre conscience de l’importance des aménagements nouveaux installés au cœur d’une forêt qui n’est plus aujourd’hui pourvoyeuse de bois mais est devenue un véritable « terrain de jeux » pour cyclistes et randonneurs et autres « trailer ».

Nous admirons des arbres majestueux
Nous admirons des arbres majestueux

En cours de route, une halte devant la pierre à cupules récemment découverte a donné l’occasion de faire un grand retour en arrière dans le temps pour évoquer ces populations préhistoriques qui ont gravé d’innombrables petites coupelles (plus d’une centaine) à la surface de cette grande roche tabulaire.

Jean-Louis tente de répondre aux interrogations que soulève ce témoin de la préhistoire
Jean-Louis tente de répondre aux interrogations que soulève ce témoin de la préhistoire

Pour terminer cette belle randonnée, un pique-nique a rassemblé notre groupe sur un parking bien ombragé. Un beau moment de détente apprécié de tous.

Et avant de se séparer, une belle photo de groupe, manière de remercier nos photographes, Bernard Goddard et Annie Mirabe.

À refaire.

Pour le groupe, Jean-Louis Hébrard.

Élèves de La Biolle et Albens à Crosagny

Mardi 27 mai une rencontre entre les élèves de Cours Moyen des écoles d’Albens et de La Biolle eut pour thème l’histoire locale de Crosagny .

René Canet avec sa verve habituelle conta l’aventure de Poncini, cet italien suisse venu de son Tessin natal, qui creusa la terre avec une centaine d’ouvriers pour fabriquer tuiles et briques. S’en suivit la visite du village de Braille chère à notre guide.

Au moulin, l’histoire du meunier narrée par Marius Bonhomme permit aux enfants de découvrir la vie autrefois. Tout se termina par la découverte des petites bêtes de la mare.

Une journée bien appréciée par les 110 enfants et leurs accompagnateurs.

Les pierres à cupules dans l’Albanais : nouveaux indices

La publication en 1989 d’un article sur la pierre à cupules d’Albens a relancé la curiosité de certains de nos lecteurs dans ce domaine. C’est le cas d’un de nos correspondants de Boussy qui nous a fait parvenir des informations sur le « Crêt des danses » qui conduiraient à penser qu’une pierre à cupules y aurait été trouvée au XIXe siècle.

Le Crêt des danses est « un promontoire sans doute d’origine morainique, en forme de triangle parfaitement isolé sur ses trois faces et auquel on aurait accès par un passage manifestement rapporté ».

Il devrait son nom à une légende selon laquelle des fées s’y retrouvaient pour y danser. En patois son nom est « su lo ché », c’est à dire sur le rocher.

Une revue ésotérique, spécialisée dans l’étrange et le surnaturel parle de ce lieu dans un de ses dossiers sur « La Savoie, mystères et légendes » en ces termes :

Boussy (Haute-Savoie)
Au lieu dit « Sur le Ché » un monticule appelé le Cré de la réunion de la Sandgôga présente une grosse pierre plate qui servait de table à une société de Francs-Maçons et aux Carbonari. Les cavalcades exécutées après les festins nocturnes ont laissé l’empreinte de pieds de chevaux dans la pierre.

Cette description, à laquelle nous ne souscrivons pas, à cependant le mérite de rappeler les superstitions d’autrefois à propos des marques, empreintes, traces laissées dans la pierre par les populations préhistoriques. Il devait donc bien y avoir un mégalithe au sommet du Crêt des danses.

Selon une tradition orale directe et fiable, que notre correspondant tient de sa mère, « un meunier de la région était venu y récupérer, au siècle dernier, une grosse pierre plate creusée de petites cavités circulaires », et l’on peut être en droit de penser qu’il pourrait s’agir d’une pierre à cupules.

Peut-être pourrait-on, avec de la chance, retrouver ce mégalithe dans un des nombreux moulins de la région ?

Si vous avez des indices, des informations, transmettez-les à la revue Kronos qui les fera suivre…

Le Crêt des danses de Boussy
Le Crêt des danses de Boussy

Article initialement paru dans Kronos N° 7, 1992

À l’AG du Crédit agricole, Kronos présente son dernier livre

Jeudi 20 février 2025, dans la salle polyvalente d’Albens, à l’invitation de la caisse locale du Crédit agricole, les auteurs du livre sur les Rosières assuraient la clôture de son assemblée générale. Dans une salle plus que remplie, l’auditoire a suivi le power-point de présentation de ce dernier livre.

S’appuyant sur la série de diapositives, Jean-Louis Hébrard, Annie Mirabé et enfin Bernard Fleuret ont présenté quelques-unes des caractéristiques de l’ouvrage (nombreuses illustrations, portrait de toutes les Rosières depuis 1922) ainsi que certains de ses contenus : hommage au fondateur Benoît Perret, tour de France des Rosières, évolution de la condition féminine en relation avec les transformations du village).

Une belle intervention saluée par le public et une belle soirée qui s’est achevée autour d’un généreux buffet propice à de nombreux échanges.


Jean-Louis Hébrard

Les forges martinets de Saint-Félix

Au début du siècle, l’auteur d’une histoire de Saint-Félix présentant les activités industrielles de sa commune signale l’importance que revêtent alors deux petites usines de taillanderie actionnées par l’eau de nant d’Orsan. Ces dernières existent toujours. Elles ont cessé de fonctionner depuis 1970 et constituent désormais une sorte de conservatoire des techniques et des activités liées au travail du métal et à la maîtrise de la force hydraulique.

En les découvrant à travers les magnifiques dessins de B. Auregan, nous allons remonter dans le temps, aux origines du martinet et de la taillanderie ; nous ferons également connaissance avec la famille Burdet dont un des ancêtres, Claude, monta la première « usine » vers 1840 au long du nant d’Orsan.

Des martinets à Saint-Félix dès le XVIIIe siècle

Le martinet est d’abord un lieu où l’on martèle le fer avec un énorme marteau mu par la force hydraulique.
L’hydrographie locale se prêtait remarquablement bien à l’installation de moulins. Outre la Deysse qui ne fait qu’effleurer Saint-Félix, la commune est arrosée par quatre ruisseaux : le nant d’Orsan, Le nant des Barbelands, le nant Bresset et le nant de la Grêle, qui tous descendent de la colline formée par les monts d’Héry et des Frasses.
Le nant d’Orsan qui prend sa source dans les hauteurs des Frasses, malgré son allure torrentueuse, offre alors l’avantage de rouler un volume assez considérable d’eau au moment de la saison des pluies et la fonte des neiges.

Les documents d’archive nous apportent la preuve que des martinets sont installés dès 1720 à Saint-Félix.

Un rapport adressé le 18 février 1757 par le secrétaire de la commune à l’intendant de l’époque mentionne l’existence de « trois moulins servant à moudre le blé ».

On sait qu’en 1840, Claude Burdet a monté sa première « usine » de taillanderie au bord du nant d’Orsan ; ses fils Burdet Guillaume et Burdet François lui succèdent comme taillandiers, c’est à dire comme artisans ouvriers spécialisés dans la fabrication, la vente des outils tranchants (faux, haches, serpes, bêches, couteaux…) employés par les charpentiers, les menuisiers, les charrons, les cultivateurs.
Pour forger le métal, le travailler, le façonner, il faut d’autres instruments que le marteau et l’enclume. La force hydraulique du nant va actionner un marteau mécanique, un martinet.

Le marteau mécanique : un outil dont l’origine remonte au Moyen Âge

Un peu de technique

Le martinet est un lourd marteau dont le manche pivote sur un axe d’oscillation ; la machine est mue, au moyen de cames, par un arbre qui fait tourner une roue de moulin.

Comment fonctionne un martinet Les  amis des moulins savoyards n°4
Comment fonctionne un martinet
Les amis des moulins savoyards n°4

Un martinet en action Archéologia n°123
Un martinet en action
Archéologia n°123

Lorsque l’arbre tourne, une came pèse sur le talon du martinet (la culasse). Le martinet et le marteau s’élèvent jusqu’à ce que la came continuant sa rotation libère la culasse. Le marteau tombe, puis la came suivante le fait remonter… La cadence de frappe du marteau varie selon la dimension de la roue, l’écartement des cames, le débit de l’eau.

Les premiers moulins à fer semblent être contemporains du grand mouvement d’expansion du moulin à eau qui se situe au XIIe et XIIIe siècles. Les cisterciens, ordre de travail manuel, font alors une large place dans leurs monastères aux moulins à eau et aux forges. Ils jouent un rôle de diffusion de ces techniques nouvelles dans les campagnes.

Marteau mu hydrauliquement Agricola. De Re metallica 1556
Marteau mu hydrauliquement
Agricola. De Re metallica 1556

Saint-Félix, premier martinet Dessin B. Auregan
Saint-Félix, premier martinet
Dessin B. Auregan

La forge martinet, Burdet Saint-Félix Dessin B. Auregan
La forge martinet, Burdet Saint-Félix
Dessin B. Auregan

La première mention formelle d’un moulin à fer se trouve dans un acte de 1116 relatant la transformation d’un moulin à Issoudun dans l’Indre. La première image que nous ayons d’un martinet est un dessin de Léonard de Vinci provenant du Codex Atlanticus. C’est toutefois l’ouvrage d’Agricola, le célèbre « De re metallica » publié en 1556 qui nous fournit une vision précise de cette mécanique. Les martinets se multiplient en Savoie au cours des XVIIe siècle et XVIIIe siècles. On utilise alors au maximum la force hydraulique des rivières et des torrents pour travailler le fer que l’on extrait un peu partout dans les Alpes.

Industrie sidérurgique en Savoie in La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875
Industrie sidérurgique en Savoie in La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875

À la veille de la Révolution Française, la Basse-Maurienne est le centre principal de la production de fer et de cuivre (Épierre, Randens, Argentine). Ce centre fournit de la fonte aux martinets et taillanderies des quatre complexes sidérurgiques de la Savoie qui sont la Haute-Maurienne (La Praz et Fourneaux), la Rochette, Arvillard et la Chartreuse de Saint-Hugon, les Bauges du Nord (Faverges, Tamié) et les Bourges du Sud (chartreuse d’Aillon et prieuré de Bellevaux). Toute une circulation de produits sidérurgiques de base irrigue le massif des Bauges et ses marges. Aussi, n’est-il pas étonnant de trouver, dès le début du XVIIIe siècle, desmartinets en action le long du nant d’Orsan à Saint-Félix.

La lente extinction des forges martinets

Forges martinets et taillanderies connaissent de sérieuses difficultés au moment du rattachement de 1860.

Ces entreprises souffrirent principalement du bas prix des fers qui, à la faveur des traités de commerce, étaient importés en grande quantité d’Angleterre et de Belgique (pays qui avaient réalisé leur révolution industrielle bien avant les autres) et prenaient la place, sur le marché, de leurs productions, certes meilleures au plan de la qualité, mais plus chères.

J. Lovie, dans son ouvrage « La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875 » dresse le constat suivant : « Le département de la Savoie comptait encore, en 1873, 96 forges et martinets avec 114 marteaux. Elles travaillaient avec un seul homme, deux au plus, 83 tonnes de fer, soit la quantité microscopique de 5 à 6 kilos par jour, à raison de 150 jours par an. Comme ceux de la Haute-Savoie, au nombre de 59 à la même date, mais employant trois fois plus de matières premières, ils étaient condamnés à plus ou moins longue échéance ainsi que les taillanderies ».

Albens, rue centrale
Albens, rue centrale

Le maintien des forges martinets de Saint-Félix

Ces dernières ne vont pas échapper à long terme à la tendance générale, mais les maîtres de forges tels que les Burdet vont réussir à maintenir leurs activités durant une bonne partie du XXe siècle.

Elles vont bénéficier jusque dans les années cinquante de la demande soutenue du monde rural, des nombreux petits propriétaires de l’Albanais. Ces derniers font vivre tout un semis de petits ateliers telles les forges maréchales d’Albens et Saint-Girod, ayant chacune un foyer et un ouvrier, utilisant la première 10 quintaux de métal et 25 de combustible pour produire 8 quintaux et outils, la deuxième 20 quintaux de métal et 50 de combustible pour donner 16 quintaux d’outil.

Les Burdet à Saint-Félix se tournent vers de nouveaux centres d’approvisionnement en faisant venir des barres de fer des grands centres d’Allevard, de Saint-Chamont ou de Saint-Étienne. Les barres étaient livrées prêtes au travail, longues de 70×30 cm. Elles étaient pesées, divisées, coupées dans la masse pour donner naissance à toutes les productions de la taillanderie.

Saint-Étienne, aciéries et forges de la marine
Saint-Étienne, aciéries et forges de la marine

L’apprentissage se faisait de père en fils. Le père Burdet et un oncle ont été compagnons à Lescheraines et Saint-Cassin, pour parfaire leur savoir. De leurs mains sortirent une multitude d’outils tranchants ; cognées, coins de bucheron, scies, haches, serpes et faux étaient vendues aux foires des environs : Aix, Cusy, La Biolle, Saint-Félix ou Rumilly.

À cette époque, les roues hydrauliques étaient refaites en moyenne à chaque génération. Il y en avait pas moins de trois :une pour actionner le soufflet de forge, une pour les meules etla troisième pour le marteau.

La taillanderie de Saint-Félix a cessé de fonctionner vers 1970

Depuis plusieurs années déjà, elle s’était spécialisée dans la réfection des outils abimées pour faire face à la réduction de la demande d’objets neufs sous l’effet de la modernisation des pratiques agricoles et de la mécanisation qui affecte l’agriculture dans les années soixante. Le nombre d’agriculteurs va alors diminuant au rythme de la progression du parc de tracteurs. Le vendeur-réparateur d’engins agricoles remplace inéxorablement le taillandier ou le maréchal-ferrant d’autrefois.

Au même moment, le réseau hydraulique local se modifie sous l’effet du captage des eaux et de l’arrivée de l’autoroute. Le débit des cours d’eau s’en ressent et baisse.
La mise en retraite des anciens et l’absence de relève donnent enfin un coup d’arrêt mortel à cette activité séculaire.

Les soufflets expirent une dernière fois, le marteau retombe et se tait. Une page de l’histoire agro-artisanale de l’Albanais vient d’être tournée.

Nous remercions particulièrement Monsieur A. Burdet pour toutes les informations qu’il nous a si gentiment données et les Amis des Moulins savoyards pour nous avoir autorisé à reproduire les très beaux dessins de B. Auregan.

Bibliographie

  • Les Amis des moulins Savoyards, n° 4
  • Archéologie n° 123 : encore en action un martinet de forge du XIVe siècle
  • M.J. Lamothe – A. Velter : le livre de l’outil
  • J. Lovie : la Savoie dans la vie française de 1860 à 1875
  • J. Reynaud : l’Albanais, étude économique R.G.A. 1944

Jean-Louis Hebrard
Article initialement paru dans Kronos N° 7, 1992

Le Martinet chez Burdet
Le Martinet chez Burdet