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Conférence le 9 juin 2023 : patois et poésie

Dans le cadre de son cycle de conférences, Kronos accueillera Fernand Tavernier pour une soirée intitulée « Patois et poésie ».

Fernand Tavernier, originaire de Marigny (commune de Massingy), vit à Cusy. Il a effectué l’essentiel de sa carrière d’instituteur à Chainaz-les-Frasses où, pendant de longues années, il a fait redécouvrir le patois à ses élèves. Il a animé et anime encore, avec d’autres locuteurs de la langue savoyarde, le groupe théâtral des «Balouriens de Chainaz» (voir la revue Kronos n°38).
Il est l’auteur du recueil de poèmes Dari la Moralyé (Derrière le mur, publié en 1985) et de nombreux articles poèmes et chansons écrits dans le patois savoyard de l’Albanais.

Cette soirée est ouverte à tous, que l’on ait la chance de se souvenir des mots d’autrefois, qu’on soit simplement sensible à leur musique, ou encore que l’on désire en connaître un peu plus sur une langue qui fait partie de notre patrimoine immatériel.

Rendez-vous le vendredi 9 juin à 20h, à l’Espace patrimoine, rue du Mont-Blanc à Albens.
Entrée libre.

Albens… à la façon… virgilienne

Témoigner de son temps, de son époque constitue très souvent un exercice délicat. L’Art a ce pouvoir de convertir par son alchimie toute interrogation en appréciation flatteuse. Il en est ainsi du poème de Madame Jean Farnault qui s’inscrit parfaitement dans la « ligne » Kronos, en nous livrant une vision du village d’Albens à travers une sensibilité propre. Un témoignage plein de fraîcheur qui confirme les paroles de Shelley : « La poésie immortalise tout ce qu’il y a de meilleur et de plus beau dans le monde. »

Si du travail, du bruit, vous êtes fatigués,
Il est de jolis coins dans notre douce France ;
Je vous invite amis, êtes—vous décidés
Quand soleil et ciel bleu ont fait une alliance ?

Dans le vieux bourg d’Albens venez vous reposer ;
Ses maisons sont coquettes, au pied de la montagne
Qu’aucun bloc de ciment ne vient défigurer.
L’air est pur, embaumé, fertile sa campagne.

Oubliez un instant vos soucis, vos tracas ;
Il s’étale non loin de deux grands lacs limpides…
À votre place amis je n’hésiterais pas
Et pour y parvenir point n’est besoin de guides.

Bordant des bois épais où pousse le fayard
Vous y rencontrerez, sur des chemins tranquilles
Qui vous feraient aimer le pays savoyard,
De jeunes cavaliers sur des chevaux dociles.

L’orge mure courbant ses longs épis nouveaux
Que l’on voit osciller sous la brise légère,
Faisant aussi frémir les tiges des roseaux
Qui s’étirent le long de la proche rivière.

Vous y verrez aussi des champs de mais blond,
Des champs où le tabac nourrit sa large feuille ;
Le cœur du paysan s’attriste et se morfond
Si la grêle parfois et brusquement l’effeuille.

Des vaches au corps lourd, le pis de lait gonflé,
Encombreront peut-être un instant votre route
Pour aller lentement et d’un pas martelé
Jusqu’à l’herbe des prés qui très vite se broute.

Pour vous laisser charmer par le chant des oiseaux
Vous vous arrêterez au bord d’une clairière
Qui rafraîchit souvent l’eau pure des ruisseaux
Où viennent scintiller des taches de lumière.

Et le soleil couchant mettra des rayons d’or
Sur les monts reverdis, aux vitres des fenêtres ;
Vous pourrez admirer le merveilleux décor
Lorsqu’il nous dit bonsoir avant de disparaître.

Dans le vieux bourg d’Albens venez vous reposer,
La nuit, sur la colline, est bien silencieuse :
Pour dormir dans le calme, à l’ombre du clocher,
Vous n’aurez pas besoin d’une douce berceuse.

LICE

Article initialement paru dans Kronos N° 2, 1987